Progresser dans le parfum & l’olfaction
S’éduquer, avancer en parfumerie
Saison 3 – Épisode 3
Écouter le podcast sur les moyens de progresser dans le parfum
Une présentation bien sentie : Le Zen (en Ambra d’Acqua di Parma), L’Ancien (en Plum Japonais de Tom Ford) et Misia (qui fait son premier bain en Vouloir être ailleurs de la Maison d’Orsay), exposent quelques petits tips pour progresser dans le parfum et l’olfaction de manière générale.
Donnez de la force à vos gars ! Il nous a fallu 9 cafés pour préparer cet épisode !
Comment se retrouver en parfumerie ? Sans considérer uniquement le parfum, il faut aussi prendre en compte l’olfaction. Trouver quelques repères, des garde-fous et des échelons pour avancer.
Comment sentir
C’est peut-être le parfum qui vous a amené à découvrir les odeurs ou bien les odeurs qui vous ont conduit à découvrir les parfums. Qu’importe… Tous les chemins mènent au parfum.
Quel que soit le chemin qui vous a amené au parfum, pour progresser il faut sentir.
Il s’agit avant tout de curiosité, et non pas de se forcer.
Tout sentir pour progresser !
Tout ce qui vous entoure peut être prétexte à sentir, partout, tout le temps. Que ce soit des odeurs d’épices, de fleurs, de plantes dans la nature ou chez le fleuriste, des odeurs de cuisine, des plats que vous dégustez, des odeurs familières de personnes que vous aimez, d’endroits que vous fréquentez.
Le métro par exemple avec ses odeurs métalliques si particulières (ok et de transpi aussi), la gomme de pneu brûlé (oui, c’est dans le parfum déjanté Tonnerre de Beaufort London).
Du fait de s’exercer
Il s’agit de s’exercer à sentir et à mémoriser la réalité de l’odeur. On peut s’exercer avec des choses simples et accessibles, comme sentir un agrume depuis son écorce jusqu’à la dégustation de la pulpe.
Vous n’avez pas une seule senteur mais une infinité de variations d’odeurs. En se concentrant, on peut arriver à les décrypter.
De même, arriver à décrypter les variations d’une odeur, pour saisir de quelle facette d’une matière il s’agit dans un parfum. Qu’est-ce donc qui a été utilisé de la Bergamote, du Patchouli ? Il y a tellement de possibilités.
Alors on prend quelle direction ?
Par exemple, vous appréciez un parfum dans lequel il y a de l’Iris, comme Iris Silver Mist de Serge Lutens. Mais ça sent quoi l’Iris ? Pareil pour la Rose, ça sent quoi ? Pourquoi un parfum qui contient une matière sent-il si différemment qu’un autre parfum qui affiche la même note ?
Il s’agit ici de mémoriser, de répéter, de s’entraîner et d’entretenir cette relation entre ce que vous avez senti et faire un lien avec un parfum. Il s’agit d’enregistrer dans votre tête, ou bien de prendre des notes, comme un musicien fait ses gammes.
Il est extrêmement difficile de retenir une odeur au premier snif. De même qu’un son ou une partition sera difficile à mémoriser pour un musicien, dès la première écoute.
Prendre des notes
Une des techniques est de prendre des notes, de mettre des mots sur les odeurs, des émotions, des sensations. Ces notes vous permettront de revenir ultérieurement sur un parfum ou une odeur que vous avez sentie pour vous la remémorer.
Certains préféreront y associer un mot ou encore une couleur. Notez ce qui vous parle le plus. C’est avec le cœur que l’on aime. Finalement, chacun a sa manière de ressentir les odeurs.
La pyramide olfactive
Une fois qu’on mémorise des odeurs, l’important est de les retrouver dans un parfum. Il faut alors passer du côté obscur, du côté de la matière.
Vous décelez telle matière et vous vérifiez par rapport à la pyramide olfactive. Pour cela rendez-vous sur des sites comme Fragrantica (.com ou .fr).
Alors certes la pyramide olfactive ici – on la brûle on la déteste – c’est quand même un bon guide même s’il est incomplet. Elle vous permettra d’avoir une petite idée de la composition du parfum.
La vigilance est de mise pour les pyramides olfactives. Les notes déclarées et tout ce que vous percevez avec votre nez ne seront jamais en conformité (à moins que vous vous appeliez Ropion ou Ellena).
Il y a des tas d’ingrédients qui ne sont jamais mentionnés dans les pyramides olfactives, entre les matières qui ne font pas rêver comme le scatol, les matières qui seraient difficilement perceptibles par le cerveau ou inconnues du grand public.
Progresser dans le parfum
L’apport des professionels
ISIPCA, Osmothèque, Cinquième Sens : Dans le bain avec les pros
Vous pouvez investir dans un kit de matières premières comme le kit de Cinquième Sens ou bien de l’Osmothèque. Si vous êtes ultra motivés et que votre portefeuille le permet, offrez-vous un stage chez Cinquième Sens ou à l’ISIPCA. Lorgnez aussi du côté des conférences parfumées ou des journées portes ouvertes.
Observer les parfumeurs
Une autre approche consiste à rechercher les créations d’un parfumeur dont vous appréciez le travail. À coup sûr, il a travaillé pour différentes maisons de niche, de privés ou de mainstream. Ça donne une idée sur sa façon de travailler.
Chaque parfumeur à sa patte. Par exemple, Jean-Claude Ellena a une écriture minimaliste comme une aquarelle. Il peut aussi produire des œuvres très précises. Citons en exemple Mandarino qu’il a composé pour Laboratorio Olfattivo, qui est un vrai travail d’orfèvre. C’est difficile de reproduire des odeurs réelles. Face à la réalité de l’odeur tout le monde peut juger de la qualité. Son travail en tant que parfumeur maison pour Hermès montre son style et son génie.
Jean-Claude Ellena, ancien parfumeur maison d’Hermès.
Alberto Morillas, parfumeur pour la maison de compositions Firmenich.
Les parfums d’Alberto Morillas pour sa marque Mizensir, ça sent la niche mais avec le poids du mainstream, on sent qu’il est là, c’est découpé au laser.
Grâce à des parfums à l’écriture courte, vous pourrez commencer à identifier plus facilement les matières. La parfumerie de niche, dans ce cas précis, vous sera aussi d’une grande utilité car la composition est beaucoup plus claire, plus lisible par rapport au mainstream qui est plus abstrait.
Une maison recommandée par L’Ancien pour la clarté de sa composition et sa lisibilité : Perris Monte Carlo avec Mimosa Tanneron, Rose de Mai, Patchouli Nosy Be… Du pur premier choix ! Par exemple, Bois d’Ébène de Matière Première permet d’appréhender clairement le bois de gaïac.
Armez-vous de patience et sentez tout une multitude de parfums contenant une matière comme le Patchouli ou l’Iris. Vous allez finir par la repérer : Oui c’est là ! c’est la note ! elle est là, vous aurez le déclic. C’est gagné.
Pareil, sentez les copies, les inspirés, observez les compositions pour voir ce qui est similaire.
Les flankers aussi sont intéressants de par leur principe de mettre en lumière une matière qui va faire que le parfum s’exprime autrement, et cette matière va vous sauter au nez.
Ok Ok, on apprend, mais maintenant comment on fait pour sentir beau ?
Qu’importe la parfumerie où vous décidez de poser vos narines, n’écoutez pas les vendeurs.
Prenez votre temps. Testez sur une mouillette mais laissez l’alcool s’évaporer (s’il y en a bien sûr). Ne précipitez pas la touche sous votre nez. Attendez quelques instants.
Foutez-vous du regard des vendeurs avec cire « ici on vient pour acheter » !
« OK moi je suis là pour sentir, découvrir et me faire une idée, vu le prix du parfum je peux prendre mon temps ».
Si votre nez sature, surtout, ne sentez pas le café généreusement tendu.
Il vaut mieux sortir prendre l’air dans la rue, ou bien sentir sa propre odeur dans le creux du coude si vous n’y avez pas déjà mis des tonnes de parfum comme le Zen et l’Ancien.
Attention à ne pas tomber sur un trèfle à quatre feuilles où dans le lot des daubes que vous allez sentir, on va vous proposer un parfum qualitatif et il va vous paraître extraordinaire… Méfiance… Un bon parfum ne veut pas dire qu’il vous ira sur le long terme. Attention aussi au syndrome de Cendrillon qui se transforme en citrouille d’Halloween. En parfum, amour un jour est loin d’être amour toujours…
Dans le même style de merde aux yeux, ne vous précipitez pas sur les propositions des youtubeurs, ce ne sont pas de réels tests, ce sont des influenceurs, bien souvent payés pour vous faire acheter comme les autres.
Rien de mieux qu’un échantillon !
Emportez l’odeur à la maison. Pour ça repartez avec un échantillon, sinon parfumez votre peau ou un vêtement et au moins une mouillette.
L’important est de pouvoir transposer l’odeur dans un cadre familier. Physiquement et psychologiquement, on est plus relax chez nous. Toutes les odeurs que l’on connaît chez nous ne vont pas venir obstruer ce que l’on sent, contrairement aux magasins. Pas de pression donc chez soi, tranquille.
Si vous avez eu la chance d’obtenir un échantillon, il faut tester sur la peau, et plusieurs fois, plusieurs jours, à différents moments. Tout influe sur la perception d’un parfum, de votre état d’esprit en passant par le temps qu’il fait, la saison…
Cultivez-vous bordel !
Si vous voulez progresser couper le cordon d’avec ces influenceurs en carton, lâchez donc la grappe à YouTube et Instagram.
Il est primordial de lire des critiques constructives et profitables. Tournez-vous vers des sites de confiance et de qualité comme Au Parfum, comme Nez La Revue un blog de qualité comme celui de Dominique de À la recherche.
La Parfumerie Podcast est une plateforme qui démocratise le parfum, le rend accessible. Mais pour approfondir il faut du sérieux, de la bonne volonté, et donc aller vers des sources réellement qualitative pour progresser dans le parfum.
Lire !
Lisez la revue Nez dans son ensemble, leurs cahiers des matières premières.
L’excellent livre Les 111 parfums qu’il faut avoir senti avant de mourir (beaucoup de superbes mainstreams dedans).
Le grand livre du parfum – pour une culture olfactive. Il vous explique tout l’univers des parfums depuis les matières premières jusqu’à la vente de A à Z de façon ludique.
Par dessus tout : ne pas se surestimer et se mettre à sa propre place, le parcours est long.
Et vous, quel est votre parcours, comment vous-y prennez-vous pour progresser dans le parfum ?
1 Commentaire
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Misia
Auteure / Animatrice
Dingue d’olfaction, elle a toujours le nez fourré dans des livres et des sites sur le sujet.
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Excellent podcast. De très bons conseils pour progresser.