Pour une contre-culture parfum
Écouter le podcast sur la contre-culture en parfumerie :
Le besoin de résistance en parfumerie
Saison 4 – Épisode 17
Une présentation tenace : L’Ancien (en Ella d’Arquiste) et Le Zen (en Bois d’Argent de Dior) posent les bases d’une réflexion autour d’une contre-culture dans le monde du parfum, d’une résistance réelle.
Par L’Ancien
Donnez de la force à vos gars ! Il nous a fallu 6 ristrettos salement intensos pour préparer cet épisode !
Il n’y a qu’à faire un rapide tour d’horizon de la parfumerie en 2022 pour comprendre où on en est. Le niveau lamentable des sorties mainstreams, la chute vertigineuse de la parfumerie de Niche, l’absence de créativité… « c’est la merde et tu l’sais ». Cet épisode est le lancement d’une réflexion autour de la nécessité et des moyens à mettre en place pour une réelle contre-culture olfactive.
Contre-culture
Comme évoqué par Nick Steward dans notre interview autour de sa marque Gallivant, une contre-culture fait toujours face à la culture mainstream. Lorsque les rouleaux compresseurs de l’industrie se mettent en marche sur le dos d’une culture, d’un art, l’ADN ne s’efface pas pour autant. Des voix s’élèvent, des artistes continuent de faire perdurer l’héritage, de faire vivre les racines.
Le besoin
La nécessité n’a même pas besoin d’être explicitée mais on va le faire quand même. Le consommateur est la première victime de sa propre acculturation, on le répète depuis 4 saisons maintenant. Cette acculturation est entretenue afin de lui vendre n’importe quoi, à des coûts de production de plus en plus maigres. Côté créativité, on harmonise les goûts pour taper dans le mille à chaque lancement. Il en ressort une stérilité totale, tout se ressemble.
L’ignorance des matières premières, l’opacité du système de l’industrie du parfum, permet aussi de proposer des synthétiques de moins en moins qualitatifs, de mentir sur la nature des matières, la provenance, etc. Une contre-culture pour faire face s’impose.
La culture olfactive comme contre poids
La solution du côté du consommateur est simple comme « bonjour » : Se cultiver. Encore une chose qu’on a répété des années à La Parfumerie Podcast. En passant son temps à visionner des formats courts de TikTok ou Instagram, qui plus est produits par des imbéciles, on n’est pas prêt d’apprendre quelque chose.
Dans les facultés on n’enseigne pas via les réseaux sociaux. Il faut « bûcher » comme ils disent. D’autant plus qu’ici personne ne demande au passionné d’acquérir la science d’un parfumeur. On parle de s’armer pour ne plus être pris pour un con, pour voir venir la banane avant qu’elle soit plantée.
Des livres
Des livres et des magazines passionnant sont disponibles chez Nez et bien d’autres éditions, écrits par des auteurs variés. Il y a de quoi faire, il y a juste à commencer avec un petit billet de 20/30€ pour goûter à la saveur du savoir.
Contre la modernité ?
Il ne s’agit pas de s’attaquer à tout ce qui se dit « nouveau ». Les avancées ont toujours accompagné les plus belles compositions de la parfumerie à travers les siècles qui nous ont précédés. On peut évidemment discuter sur les effets de cette modernité sur l’environnement, mais chez nous on reste fixé sur la création, pour ne pas s’éloigner du sujet principal.
Les matières de synthèses présentes dans les parfums ne sont pas une tricherie ou une arnaque. Hormis les grands débats autour de l’utilisation excessive des Bois Ambrés, qui concerne clairement la supercherie olfactive, on ne porte pas le débat sur les matières tant qu’elles sont de qualité. L’IFRA fait déjà le job sur la dangerosité de certaines d’entre elles, on n’a même pas besoin de se prendre la tête à ce niveau là en tant que consommateur.
L’Intelligence Artificielle et l’intelligence dans l’Art
On a beaucoup critiqué l’Intelligence Artificielle en parfumerie. Ceci dit, ça n’est pas la technologie en soit qui nous dérange mais son utilisation. Un algorithme qui bosse à la place de parfumeurs ne donne rien qui s’apparente à l’Art. À côté de ça, apporter des idées, proposer des choses, une aide au parfumeur ne sera jamais un mal en soit. Tant que l’artiste humain garde le contrôle et propose une œuvre de l’esprit à l’arrivée.
Entre l’Art et la science
Le parfum se trouve quelque par entre l’Art et la science. Cependant, on utilise cette science en faveur de l’Art. La chimie qu’on caresse à chaque composition ne prend pas le pas sur l’œuvre artistique de l’auteur. Lorsqu’on suit un brief et un cahier des charges, à travers un logiciel, sans se faire chier à créer, on n’est plus en droit de venir réclamer la reconnaissance d’un éventuel droit d’auteur. On redevient le simple exécutant qui juxtapose des matières dans un gobelet.
Dans la généalogie olfactive on trouve 99% de dupes remixés, appelés « descendants » pour se couvrir. La créativité ça n’est pas ça, l’œuvre de l’esprit ça n’est pas ça. C’est du simple remix, souvent de la pure copie exécutée sans vergogne, sans aucune envie, avec toute la lucidité d’un escroc.
Le média
Le rôle des médias, mainstreams comme indépendants, majeurs comme petits, est de diffuser ce qu’est réellement le parfum, d’informer le consommateur. La Parfumerie Podcast est un média, aussi petit soit-il. On est en mission pour démocratiser la connaissance du parfum, la rendre accessible à chacun, avec des mots simples et le plus tranchant possible pour ne pas perdre de temps.
L’intermédiaire
Nez / Auparfum est aussi un média qui permet de comprendre les dessous de la composition, de l’industrie. En ayant les deux pieds dans le milieu, il se positionne en intermédiaire remarquable. Sponsorisé par les grandes maisons de compositions, en fréquentant les grands professionnels du parfum, en confiant certaines rédactions à des gens qui vivent aussi dans ce milieu professionnel, Nez est une organisation qui produit des contenus extrêmement pertinents sur le sujet.
Le levier
Il ne faut jamais oublier l’importance de l’aspect économique. Les présidents des grands groupes ne se lèvent pas le matin en voulant étouffer l’Art et le Parfum. Ils ne regardent que les chiffres et vont là où il y a du bif à faire.
Si chaque consommateur voue ses achats à du vrai parfum, de la qualité, créative au possible, à l’acquisition de classiques, les chiffres donneront raison à la qualité.
En refusant la tendance (tant qu’elle est mauvaise), on poussera le rouleau compresseur à produire de la qualité, car c’est à cet endroit qu’il y aura des bénéfices. Une équation très simple au final.
L’obligation de partager
Il en va de chacun. Il faut parler, communiquer, comme les marques. Il faut promouvoir ce qu’est le vrai parfum, le faire savoir aux gens autour de soi. Il faut que la masse prenne conscience de la supercherie du business actuel. Il faut pour cela que chacun en discute autour de lui, sans se prendre la tête, en faisant naître le débat, en le popularisant à son échelle.
Le contre-poids se trouve aussi à cet endroit. Avec la force des réseaux sociaux on peut faire taire n’importe quel influenceur en le mettant face à ses énormités. La masse n’est pas un amas d’imbéciles, ils sont juste trompés et il faut du temps à chacun pour comprendre.
Marketing
Du côté des marques il faut se donner les moyens de propulser ses produits. Gagner de l’argent c’est survivre. Les vraies marques sont aujourd’hui les derniers survivants de la parfumerie. À chaque extinction c’est l’Art olfactif qui se meurt un peu plus. Promouvoir sa marque c’est donc promouvoir le beau parfum.
De même que les passionnés se doivent de parler de ces marques qualitatives, il faut plus parler d’elles que des autres mythos du game. Google sait de quoi je parle ici, plus le contenu général des sujets liés au parfum traîtra des belles marques, plus ces dernières affaibliront les maisons de merde. Soyons intelligents, soyons efficaces.
Contre-culture
Comme évoqué par Nick Steward dans notre interview autour de sa marque Gallivant, une contre-culture fait toujours face à la culture mainstream. Lorsque les rouleaux compresseurs de l’industrie se mettent en marche sur le dos d’une culture, d’un art, l’ADN ne s’efface pas pour autant. Des voix s’élèvent, des artistes continuent de faire perdurer l’héritage, de faire vivre les racines.
Le besoin
La nécessité n’a même pas besoin d’être explicitée mais on va le faire quand même. Le consommateur est la première victime de sa propre acculturation, on le répète depuis 4 saisons maintenant. Cette acculturation est entretenue afin de lui vendre n’importe quoi, à des coûts de production de plus en plus maigres. Côté créativité, on harmonise les goûts pour taper dans le mille à chaque lancement. Il en ressort une stérilité totale, tout se ressemble.
L’ignorance des matières premières, l’opacité du système de l’industrie du parfum, permet aussi de proposer des synthétiques de moins en moins qualitatifs, de mentir sur la nature des matières, la provenance, etc. Une contre-culture pour faire face s’impose.
La culture olfactive comme contre poids
La solution du côté du consommateur est simple comme « bonjour » : Se cultiver. Encore une chose qu’on a répété des années à La Parfumerie Podcast. En passant son temps à visionner des formats courts de TikTok ou Instagram, qui plus est produits par des imbéciles, on n’est pas prêt d’apprendre quelque chose.
Dans les facultés on n’enseigne pas via les réseaux sociaux. Il faut « bûcher » comme ils disent. D’autant plus qu’ici personne ne demande au passionné d’acquérir la science d’un parfumeur. On parle de s’armer pour ne plus être pris pour un con, pour voir venir la banane avant qu’elle soit plantée.
Des livres
Des livres et des magazines passionnant sont disponibles chez Nez et bien d’autres éditions, écrits par des auteurs variés. Il y a de quoi faire, il y a juste à commencer avec un petit billet de 20/30€ pour goûter à la saveur du savoir.
Contre la modernité ?
Il ne s’agit pas de s’attaquer à tout ce qui se dit « nouveau ». Les avancées ont toujours accompagné les plus belles compositions de la parfumerie à travers les siècles qui nous ont précédés. On peut évidemment discuter sur les effets de cette modernité sur l’environnement, mais chez nous on reste fixé sur la création, pour ne pas s’éloigner du sujet principal.
Les matières de synthèses présentes dans les parfums ne sont pas une tricherie ou une arnaque. Hormis les grands débats autour de l’utilisation excessive des Bois Ambrés, qui concerne clairement la supercherie olfactive, on ne porte pas le débat sur les matières tant qu’elles sont de qualité. L’IFRA fait déjà le job sur la dangerosité de certaines d’entre elles, on n’a même pas besoin de se prendre la tête à ce niveau là en tant que consommateur.
L’Intelligence Artificielle et l’intelligence dans l’Art
On a beaucoup critiqué l’Intelligence Artificielle en parfumerie. Ceci dit, ça n’est pas la technologie en soit qui nous dérange mais son utilisation. Un algorithme qui bosse à la place de parfumeurs ne donne rien qui s’apparente à l’Art. À côté de ça, apporter des idées, proposer des choses, une aide au parfumeur ne sera jamais un mal en soit. Tant que l’artiste humain garde le contrôle et propose une œuvre de l’esprit à l’arrivée.
Entre l’Art et la science
Le parfum se trouve quelque par entre l’Art et la science. Cependant, on utilise cette science en faveur de l’Art. La chimie qu’on caresse à chaque composition ne prend pas le pas sur l’œuvre artistique de l’auteur. Lorsqu’on suit un brief et un cahier des charges, à travers un logiciel, sans se faire chier à créer, on n’est plus en droit de venir réclamer la reconnaissance d’un éventuel droit d’auteur. On redevient le simple exécutant qui juxtapose des matières dans un gobelet.
Dans la généalogie olfactive on trouve 99% de dupes remixés, appelés « descendants » pour se couvrir. La créativité ça n’est pas ça, l’œuvre de l’esprit ça n’est pas ça. C’est du simple remix, souvent de la pure copie exécutée sans vergogne, sans aucune envie, avec toute la lucidité d’un escroc.
Le média
Le rôle des médias, mainstreams comme indépendants, majeurs comme petits, est de diffuser ce qu’est réellement le parfum, d’informer le consommateur. La Parfumerie Podcast est un média, aussi petit soit-il. On est en mission pour démocratiser la connaissance du parfum, la rendre accessible à chacun, avec des mots simples et le plus tranchant possible pour ne pas perdre de temps.
L’intermédiaire
Nez / Auparfum est aussi un média qui permet de comprendre les dessous de la composition, de l’industrie. En ayant les deux pieds dans le milieu, il se positionne en intermédiaire remarquable. Sponsorisé par les grandes maisons de compositions, en fréquentant les grands professionnels du parfum, en confiant certaines rédactions à des gens qui vivent aussi dans ce milieu professionnel, Nez est une organisation qui produit des contenus extrêmement pertinents sur le sujet.
Le levier
Il ne faut jamais oublier l’importance de l’aspect économique. Les présidents des grands groupes ne se lèvent pas le matin en voulant étouffer l’Art et le Parfum. Ils ne regardent que les chiffres et vont là où il y a du bif à faire.
Si chaque consommateur voue ses achats à du vrai parfum, de la qualité, créative au possible, à l’acquisition de classiques, les chiffres donneront raison à la qualité.
En refusant la tendance (tant qu’elle est mauvaise), on poussera le rouleau compresseur à produire de la qualité, car c’est à cet endroit qu’il y aura des bénéfices. Une équation très simple au final.
L’obligation de partager
Il en va de chacun. Il faut parler, communiquer, comme les marques. Il faut promouvoir ce qu’est le vrai parfum, le faire savoir aux gens autour de soi. Il faut que la masse prenne conscience de la supercherie du business actuel. Il faut pour cela que chacun en discute autour de lui, sans se prendre la tête, en faisant naître le débat, en le popularisant à son échelle.
Le contre-poids se trouve aussi à cet endroit. Avec la force des réseaux sociaux on peut faire taire n’importe quel influenceur en le mettant face à ses énormités. La masse n’est pas un amas d’imbéciles, ils sont juste trompés et il faut du temps à chacun pour comprendre.
Marketing
Du côté des marques il faut se donner les moyens de propulser ses produits. Gagner de l’argent c’est survivre. Les vraies marques sont aujourd’hui les derniers survivants de la parfumerie. À chaque extinction c’est l’Art olfactif qui se meurt un peu plus. Promouvoir sa marque c’est donc promouvoir le beau parfum.
De même que les passionnés se doivent de parler de ces marques qualitatives, il faut plus parler d’elles que des autres mythos du game. Google sait de quoi je parle ici, plus le contenu général des sujets liés au parfum traîtra des belles marques, plus ces dernières affaibliront les maisons de merde. Soyons intelligents, soyons efficaces.
Prêt pour faire grandir une Contre-culture parfum ?
Balancez-nous vos légendes !
2 Commentaires
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L’auteur :
L’Ancien
Auteur / Animateur
Il est la voix lugubre de ce podcast, grande gueule qui aime à secouer l’industrie du parfum. Sur ces notes trempées à l’encre noire, on peut distinguer des listes de victimes enterrées de Paris à Oman. L’Ancien est celui que tu aimes détester, c’est cette note de cœur qui te dérange mais qui rend la composition si singulière.
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