Se renouveler en parfumerie
Se sortir de l’impasse en créant
Saison 3 – Épisode 16
Écouter le podcast sur le fait de se renouveler en parfumerie
Une présentation rafraichissante : Le Zen (en Tobacco Vanille de Tom Ford) et L’Ancien (en Italian Leather de Memo), échangent sur la nécessité de se renouveler en parfumerie et d’éviter l’éternel catalogue « starter pack » des marques de Niche.
Donnez de la force à vos gars ! Il nous a fallu 2 cafés pour préparer cet épisode !
À chaque lancement de marque on constate la même chose. On nous sort un panel type de parfums, un catalogue de premières références photocopié. Alors que ces parfums seront le patrimoine de la Maison, ils ne répondent qu’aux codes virtuels imposés par la bulle.
L’Art du non-évènement
Ces tendres Maisons de Parfum préfèrent plaire à leurs paires plutôt qu’à leur clientèle potentielle. Une grave erreur, qui coûte cher et qui ne respecte pas les mathématiques de l’industrie. Ces professionnels à qui on cherche à confirmer notre savoir-faire ne représentent qu’un minuscule pourcentage en matière de gain. Qui donc d’entre eux est prêt à acheter un parfum ? 0,00000001 % ? La plupart, en plus, se verront offrir des exemplaires en sortie de salon. Il n’y a rien à gagner à vouloir faire le jeu des codes du game. Bien au contraire, tout à perdre.
Un Iris, un Cuir, un gourmand…
Les petites marques de Niche oublient que la Direction Artistique n’est pas un privilège réservé aux grands de la parfumerie. Lorsqu’on se lance, on exprime une vision du parfum, de l’art, de soi-même. À chaque naissance on se voit donc proposé le starter pack du parfum, sélectionné de manière à rester en symbiose avec la bonne conduite de la bulle parfum : Un cuir, un Iris, un Fougère, un gourmand, un Ambré, etc.
L’impact de la bulle
Les gourous du Branlisme ont bien travaillé. Les petits artisans du parfum, nombre d’indés, s’imposent de suivre à la lettre la Bible de la masturbation olfactive. Comme si un contrôleur allait venir valider la collection. Non, la pression s’impose d’elle-même, d’une bonne volonté digne du syndrome de Stockholm.
L’attaque des clones
Pour participer au non-évènement que représente ce type de lancement stérile, on sort l’artillerie la plus lourde possible pour faire avaler la pilule. C’est dire l’ampleur du problème.
Parce que si Dior possède des navires de guerre pour bombarder visuellement et faire croire, les petites enseignes des méandres du parfum n’ont rien dans leurs poches. C’est pour ça qu’on se retrouve à faire parler des parfumeurs pour vendre le produit, alors que leur boulot c’est de composer du parfum, pas communiquer.
On vient donc proposer du stérile avec une com’ vide. Il ne reste que des flacons qui, généralement, se différencient à peine de ce qui est présent sur les étagères d’en face.
L’attaque des clones
Pour participer au non-évènement que représente ce type de lancement stérile, on sort l’artillerie la plus lourde possible pour faire avaler la pilule. C’est dire l’ampleur du problème.
Parce que si Dior possède des navires de guerre pour bombarder visuellement et faire croire, les petites enseignes des méandres du parfum n’ont rien dans leurs poches. C’est pour ça qu’on se retrouve à faire parler des parfumeurs pour vendre le produit, alors que leur boulot c’est de composer du parfum, pas communiquer.
On vient donc proposer du stérile avec une com’ vide. Il ne reste que des flacons qui, généralement, se différencient à peine de ce qui est présent sur les étagères d’en face.
Soupe de matières
Pour faire avaler la sauce on passe aussi par le discours de rareté. On cherche à lubrifier l’œuvre avec des matières premières exceptionnelles, qui sont au final disponibles chez les grands fournisseurs que peuvent être Robertet ou Givaudan. Une fois de plus on se répète avec des histoires déjà entendues mille fois.
Parfois, ça va encore plus loin dans la douille, avec des « infusions de cuir », comme nous chante Louis Vuitton depuis quelques temps.
Même si notre cher Yohan Cervi semble gober l’astuce dans sa noble critique de Dans la Peau, chez nous on n’y croit pas trop. Surtout, qu’est-ce que ça change au final ? Faire bouillir des chutes de cuir au lieu de reproduire l’odeur avec des matières déjà présentes partout ? Ça sonne pas trop LVMH tout ça…
On nous pond donc de belles histoires dans chaque parfumerie, des absolus extrêmes de vanille du pôle nord, des oignons fécondés du Guatemala, des oranges du Botswana écrasées entre les doigts de pied du parfumeur lui-même, arrêtons. Pitié.
Se renouveler, malgré les mêmes notes pour tous en parfumerie
Si Mozart n’est pas vraiment un ténor du streaming de nos jours, il reste malgré tout l’exemple type du génie en matière de musique. En parfumerie, on est confronté aux mêmes problématiques que dans tout art. Il faut utiliser ce que tous les artistes utilisent, et transcender ce qui s’est déjà fait.
Le génie créatif, ça n’est pas autre chose. Les matières premières en parfumerie sont les mêmes à chaque fois, mais on se doit d’aller au-delà de ce qui s’est déjà fait. Surtout, si l’on se réfère aux travaux de Jean-Claude Ellena, on comprend que même en réduisant l’orgue à parfum on peut malgré tout se renouveler, créer du neuf, de l’original.
Qualirébarbatif
La qualité de la composition n’est pas tout. Certaines enseignes produisent des jus respectables mais malheureusement sans aucune saveur. Malgré de gros noms derrières les formules, on a pas de Direction Artistique qui fasse le poids. Incapable de pousser à produire quelque chose qui sorte du lot, on se retrouve avec de belles choses mais qui n’apportent rien à l’arrivée.
La suffisance
Parmis les arrivant récents dans la cour du parfum, il y a des petites marques qui ont misé sur l’apparence, sur la cohérence du luxe qu’il peut y avoir entre les flacons, les parfumeurs à la compo et l’emplacement dans un grand magasin. Malheureusement, le crime était presque parfait mais on a oublié le flingue pour le braco : le jus.
Des jus sans âmes
Au risque de viser une clientèle de passionnés, qui reconnaissent donc les noms des compositeurs, tels des Dominique Ropion, des Bertrant Duchauffour, etc, on n’arrive pas à les faire passer à la caisse. Une fois arrivés le nez sur le spray, le parfum ne converti pas le prospect. Une défaite douloureuse au vu des investissements. Mais on revient toujours au même souci de qualification à la direction artistique.
Se renouveler… ou se perdre
Quand des indépendants ou autres essaient de propulser leur marque en prenant des risques, d’autres se lavent le cerveau et régressent. C’est un peu le cas de Kilian. Habitué à trouver quelques beaux parfums dans le catalogue, on se retrouve, depuis Black Phantom, avec du déjà senti, ou du à-ne-pas-sentir. Une chose quelque peu étonnante au vu de la qualité générale.
Fini les Back to Black ou les Straight to Heaven, on nous sert du Brandy et donc des blagues fantomatiques…
Une regression qu’on voit aussi chez Tom Ford tant les lancements se multiplient. On pousse vers la sortie des énormes Tobacco Oud et on fait entrer dans la collection Private Blend des roses qui seront – bien évidemment – révolutionnaires.
De quoi encore nous fatiguer. Alors que Tom Ford proposait une belle collection privée, on est en chute libre depuis un bon moment. Pourquoi multiplier les productions pour absolument vendre de la merde ? La nouveauté n’est pas toujours un gage de réussite en parfumerie, et surtout pas de fidélisation client.
Et vous, le fait de se renouveler en parfumerie, vous en pensez quoi ?
Lâchez un commentaire, on kiffe ça !
L’Ancien
Auteur / Animateur
Il est la voix lugubre de ce podcast, grande gueule qui aime à secouer l’industrie du parfum. Sur ces notes trempées à l’encre noire, on peut distinguer des listes de victimes enterrées de Paris à Oman. L’Ancien est celui que tu aimes détester, c’est cette note de cœur qui te dérange mais qui rend la composition si singulière.
La Saison 3 du Podcast Parfum La Parfumerie
Tous les épisodes :
Ball-Trap Awards, les lauréats du Millésime 2021
Lauréats Ball Trap Awards 2021, enfin ! C’est toute l’équipe qui a tranché ensemble, avec l’aide du public, pour récompenser les meilleurs !
Appréhender correctement une marque ou un parfum
Appréhender une marque ou un parfum nécessite quelques pré-requis qui nous permettront de de comprendre ce qu’on va découvrir en boutique…
L’impact des classics
Classics de la parfumerie : quel est l’impact des grands parfums du passé, en quoi ont-ils nourri les tendances de notre époque ?
Quelques parfums pour l’été…
Parfums été : Si on se faisait une sélection lourde, avec des fragrances ultra qualitative ? Du Niche et du mainstream au rendez-vous !
Protéger son patrimoine
Protéger son patrimoine en parfumerie n’est pas simple. Ceci dit, Pierre Bourdon a peut-être proposé une solution viable pour les marques…
Petit tour d’horizon de la parfumerie en 2022
Parfumerie 2022, où en est-on, quel virages prend-on ? Les nouvelles sorties sont souvent le signe de nouvelles tendances, parlons-en !
Quand tout tourne rond, ça se sent !
Comparaison de 3 parfums cacao, pour observer le fossé que peut engendrer une marque bien dirigée et une marque de merde : Cartier vs Montale
Tenue correcte exigée
Tenue, puissance, sillage, sont souvent perçus comme un gage de qualité par la masse. Un calcul qui permet de vendre tout et n’importe quoi.
Des parfums charnières ?
Il y a des parfums charnières qui permettent de dépasser nos aprioris sur des matières, des notes qu’on ne supporte pas, de quoi passer le cap de la révulsion…
Propager le vrai parfum
Propager le vrai parfum est un devoir qui incombe à celui qui est bien informé. À chacun son cercle d’influence pour agir pour l’olfaction !
Le parfum 2.0
Le Parfum 2.0 a envahi la parfumerie de Niche et séduit la jeune génération bercée par la brutalité des bois ambrés venus du Mainstream…
Communiquer !
Communiquer pour une marque de parfumerie de Niche, de nos jours, est d’une importance capitale. Quitte à faire quelques sacrifices…
0 commentaires