La critique face aux changements
Une adaptation obligatoire
Alors que l’industrie du parfum est en pleine métamorphose, le petit monde de la critique ne semble pas voir les choses changer. L’indépendance devient la norme, il pousse des champignons dans tous les types de parfumeries, mais certains continuent de juger à l’ancienne.
Saison 5 – Épisode 19
Écouter le podcast sur la critique parfum et les changements
La critique face aux changements
Une présentation égoïste : L’Ancien (qui porte La couleur de la Nuit de Voyages Imaginaires) évoque la nécessité de prendre du recul et d’être alerte sur les tendances de l’industrie, sur les directions que prennent les diverses catégories commerciales à l’heure H.
Par L’Ancien.
Les critiques sont-ils conscients ?
Au vu des avis qui sortent à gauche à droite sur les différents blogs et sites spécialisés parfum, on est en droit de se demander si les critiques sont bien au courant de l’évolution que vit l’industrie. Le mainstream s’effrite, la niche est transparente, chaque bout se rejoint dans une ronde autour du monde. On a appliqué complètement ce qu’on clamait depuis bien longtemps : les catégories commerciales ne sont plus, il ne reste que des marques et des récits.
Lorsqu’on lit les articles, on constate qu’on croit encore en une niche à part, ou à des grandes marques dont l’aura brille encore…
Donnez de la force à vos gars ! Il nous a fallu 3 triple espressos pour préparer cet épisode !
Indépendance biais
Le monde du parfum est aujourd’hui composé de marques indés qui cherchent leurs parts du gâteau. La plupart communiquent en jouant la carte du confidentiel et du parfum de luxe exceptionnel. Il n’y a que ceux veulent bien jouer le jeu qui y croient.
Mais ces indépendants ne sont pas à prendre en tant que mythos, évidemment, car s’ils racontent des histoires ça fait quand même partie de leurs devoirs. Ils doivent s’inventer une identité, ou un storytelling autour d’une éventuelle nouveauté, etc.
Ces indépendants cherche leur bif, ils doivent produire un marketing avec bien peu de moyen, les composants de leurs packages sont souvent sacrifiés sur l’autel du budget, on doit le prendre en considération.
Quels ont été les moyens, qu’a-t-on à l’arrivée ?
C’est la vraie question à se poser, et c’est en l’appliquant à chaque maison qu’on voit l’anguille ou pas. Si la maison millionnaire n’a pas su pousser un parfum digne des moyens mis en œuvre, pourquoi en dire du bien ? À l’inverse, l’enseigne indépendante, sortie de l’ombre par la force et la passion, ne pourra pas avoir à disposition des sommes colossales pour propulser leurs prods, forcément, mais on l’a déjà répété.
L’armement
Il faut avoir conscience donc de l’armement dont dispose la marque dans cette guerre sans merci menée pour s’en sortir. On est dans une bataille où nul ne se fait face, on est devant le miroir, point. C’est une ère d’indépendance qui s’ouvre et chaque maison marche sur un fil. Le plus fort vivra, c’est la règle.
L’industrie en fin de vie
Certaines grandes maisons ont d’ailleurs choisi de ne plus se soucier du motif de la guerre, elles viennent frapper l’adversaire aux missiles nucléaires. Malheureusement, on ne produit de parfum, on remplie plutôt les flacons, ce qui n’est pas pareil. Lentement, le marché sombre, livré aux petites hordes indépendantes qui déchiquètent les cadavres des clients restant. C’est de cela qu’est fait demain, une industrie Mad Max où les exemples à suivre n’en seront plus.
Toujours les mêmes
L’influence du mainstream sur la niche ne s’arrête pas aux copies de blockbusters, il y a tout un exemple à appliquer tel un polycopié. Lorsqu’on est une enseigne de niche, on rêve au format imposé par les grands, parce que justement, ceux sont eux les grands. On veut donc faire appel à des Dominique Ropion, des Quentin Bisch, des Alberto Morillas, pour s’apparenter à ces maisons. Ceux qui ne peuvent pas iront tout droit vers les « valeurs sûres » du domaine : Flair Paris, Cinquième Sens… des gens dont le nom tourne chez les petits moribonds du game, et qui leur donneront des jus calibrés sur le brief fourni.
Rien ne ressort au final. Non pas que ces grands et moyens noms ne soient pas aptes à fournir de la qualité, mais surtout parce que la plupart des marques sont des ignares et des cons, ne sachant pas ce qu’est le parfum, venant avec des demandes claquées au sol.
L’ADN des clones
C’est en produisant chez les mêmes poules qu’on fait éclore les mêmes œufs. Un Ropion qui n’est pas stimulé ne donnera rien de bien fameux, à moins que sa réputation soit en jeu. Ils savent à qui ils ont affaire, et nous les critiques le savons aussi.
La confiance est morte
On ne va pas s’étendre sur des exemples précis. Surtout que certains seront probablement évoqués dans des épisodes à venir. Mais comment en arrive-t-on à trouver des éloges de parfums complètement baisés sur des sites sérieux ?
Des jus défoncés, dont les squelettes sont clairement des bois ambrés vomitifs. Des paragraphes de poésie sont composés pour nous faire croire. Il y a carrément des marques dont je pensais du bien à cause de ces pratiques. Est-ce des encarts achetés ? Peut-être. Des liens payants ou autre… Mais même en s’adonnant à ces modèles économiques on pourrait simplement le faire avec de vraies réussites, auxquelles on croit.
Les critiques parfums se vautrent aujourd’hui dans une médiocrité qui floute l’horizon pour les passionés, et c’est cela l’imposture.
Constellations
L’industrie à ce jour est une immense constellation de marques, les catégories commerciales ne sont plus, et chacune tourne en orbite autour de la chose du parfum. Elle est composée de gens qui disent tous être uniques, supérieurs, confidentiels, ils continuent de jouer sur des codes désuets.
Si la critique parfum sert à quelque chose c’est bien ici. Elle doit défricher le chemin pour le consommateur qui serait touché par tous ces discours. Tous les parfums sentent bons, si ce n’est peut être une poignée orientés « expérimental ». Leur dire que ça sent bon ne sert donc strictement à rien. Ils ont peut-être même croisé le sillage avant de faire une recherche. On doit leur répondre en expliquant pourquoi ça n’est pas aussi incroyable que ça en a l’air.
Dans cette constellation, au milieu des astres colossaux qui s’éteignent, naissent des étoiles qui brillent de mille feux. Tout n’est pas mort, l’Art subsiste encore un peu, via de nouvelles entités ou par le biais de vieux de la vieille qui tiennent le coup.
Un devoir qui n’est pas fait
C’est vers cet Art que les critiques doivent envoyer. Il doivent faire le tri et en faire les éloges, en poussant d’un geste la merde vers la poubelle. Dans cette industrie où toutes les frontières qui séparent les appellations commerciales sont devenues poreuses, il faut des repères qui nous expliquent le pourquoi des choses, qui enrayent la carte bancaire impulsive.
Alors qu’on a boxé les influenceurs sur plusieurs années, on voit les auteurs de la presse écrite se muter lentement en ânes du même accabi. Le monde change, ils restent vautrés sur leurs chaises de bureau, une petite infusion à la main, en oubliant ce qu’ils étaient il y a quelques années. Ceux-là qui étaient des pionniers en hissant l’olfaction avec force, pour rétablir un sens oublié. Les versements de leurs contribs, les conférences masturbatoires et les applaudissements les ont corrompus. C’est triste.
Indépendance biais
Le monde du parfum est aujourd’hui composé de marques indés qui cherchent leurs parts du gâteau. La plupart communiquent en jouant la carte du confidentiel et du parfum de luxe exceptionnel. Il n’y a que ceux veulent bien jouer le jeu qui y croient.
Mais ces indépendants ne sont pas à prendre en tant que mythos, évidemment, car s’ils racontent des histoires ça fait quand même partie de leurs devoirs. Ils doivent s’inventer une identité, ou un storytelling autour d’une éventuelle nouveauté, etc.
Ces indépendants cherche leur bif, ils doivent produire un marketing avec bien peu de moyen, les composants de leurs packages sont souvent sacrifiés sur l’autel du budget, on doit le prendre en considération.
Quels ont été les moyens, qu’a-t-on à l’arrivée ?
C’est la vraie question à se poser, et c’est en l’appliquant à chaque maison qu’on voit l’anguille ou pas. Si la maison millionnaire n’a pas su pousser un parfum digne des moyens mis en œuvre, pourquoi en dire du bien ? À l’inverse, l’enseigne indépendante, sortie de l’ombre par la force et la passion, ne pourra pas avoir à disposition des sommes colossales pour propulser leurs prods, forcément, mais on l’a déjà répété.
L’armement
Il faut avoir conscience donc de l’armement dont dispose la marque dans cette guerre sans merci menée pour s’en sortir. On est dans une bataille où nul ne se fait face, on est devant le miroir, point. C’est une ère d’indépendance qui s’ouvre et chaque maison marche sur un fil. Le plus fort vivra, c’est la règle.
L’industrie en fin de vie
Certaines grandes maisons ont d’ailleurs choisi de ne plus se soucier du motif de la guerre, elles viennent frapper l’adversaire aux missiles nucléaires. Malheureusement, on ne produit de parfum, on remplie plutôt les flacons, ce qui n’est pas pareil. Lentement, le marché sombre, livré aux petites hordes indépendantes qui déchiquètent les cadavres des clients restant. C’est de cela qu’est fait demain, une industrie Mad Max où les exemples à suivre n’en seront plus.
Toujours les mêmes
L’influence du mainstream sur la niche ne s’arrête pas aux copies de blockbusters, il y a tout un exemple à appliquer tel un polycopié. Lorsqu’on est une enseigne de niche, on rêve au format imposé par les grands, parce que justement, ceux sont eux les grands. On veut donc faire appel à des Dominique Ropion, des Quentin Bisch, des Alberto Morillas, pour s’apparenter à ces maisons. Ceux qui ne peuvent pas iront tout droit vers les « valeurs sûres » du domaine : Flair Paris, Cinquième Sens… des gens dont le nom tourne chez les petits moribonds du game, et qui leur donneront des jus calibrés sur le brief fourni.
Rien ne ressort au final. Non pas que ces grands et moyens noms ne soient pas aptes à fournir de la qualité, mais surtout parce que la plupart des marques sont des ignares et des cons, ne sachant pas ce qu’est le parfum, venant avec des demandes claquées au sol.
L’ADN des clones
C’est en produisant chez les mêmes poules qu’on fait éclore les mêmes œufs. Un Ropion qui n’est pas stimulé ne donnera rien de bien fameux, à moins que sa réputation soit en jeu. Ils savent à qui ils ont affaire, et nous les critiques le savons aussi.
La confiance est morte
On ne va pas s’étendre sur des exemples précis. Surtout que certains seront probablement évoqués dans des épisodes à venir. Mais comment en arrive-t-on à trouver des éloges de parfums complètement baisés sur des sites sérieux ?
Des jus défoncés, dont les squelettes sont clairement des bois ambrés vomitifs. Des paragraphes de poésie sont composés pour nous faire croire. Il y a carrément des marques dont je pensais du bien à cause de ces pratiques. Est-ce des encarts achetés ? Peut-être. Des liens payants ou autre… Mais même en s’adonnant à ces modèles économiques on pourrait simplement le faire avec de vraies réussites, auxquelles on croit.
Les critiques parfums se vautrent aujourd’hui dans une médiocrité qui floute l’horizon pour les passionnés, et c’est cela l’imposture.
Constellations
L’industrie à ce jour est une immense constellation de marques, les catégories commerciales ne sont plus, et chacune tourne en orbite autour de la chose du parfum. Elle est composée de gens qui disent tous être uniques, supérieurs, confidentiels, ils continuent de jouer sur des codes désuets.
Si la critique parfum sert à quelque chose c’est bien ici. Elle doit défricher le chemin pour le consommateur qui serait touché par tous ces discours. Tous les parfums sentent bons, si ce n’est peut être une poignée orientés « expérimental ». Leur dire que ça sent bon ne sert donc strictement à rien. Ils ont peut-être même croisé le sillage avant de faire une recherche. On doit leur répondre en expliquant pourquoi ça n’est pas aussi incroyable que ça en a l’air.
Dans cette constellation, au milieu des astres colossaux qui s’éteignent, naissent des étoiles qui brillent de mille feux. Tout n’est pas mort, l’Art subsiste encore un peu, via de nouvelles entités ou par le biais de vieux de la vieille qui tiennent le coup.
Un devoir qui n’est pas fait
C’est vers cet Art que les critiques doivent envoyer. Il doivent faire le tri et en faire les éloges, en poussant d’un geste la merde vers la poubelle. Dans cette industrie où toutes les frontières qui séparent les appellations commerciales sont devenues poreuses, il faut des repères qui nous expliquent le pourquoi des choses, qui enrayent la carte bancaire impulsive.
Alors qu’on a boxé les influenceurs sur plusieurs années, on voit les auteurs de la presse écrite se muter lentement en ânes du même accabi. Le monde change, ils restent vautrés sur leurs chaises de bureau, une petite infusion à la main, en oubliant ce qu’ils étaient il y a quelques années. Ceux-là qui étaient des pionniers en hissant l’olfaction avec force, pour rétablir un sens oublié. Les versements de leurs contribs, les conférences masturbatoires et les applaudissements les ont corrompus. C’est triste.
Ces changements vous les voyez comment, la critique parfum est-elle à l’heure pour vous ?
Faites profiter le lecteur de votre expérience, lâchez un commentaire !
2 Commentaires
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L’auteur :
L’Ancien
Auteur / Animateur
Il est la voix lugubre de ce podcast, grande gueule qui aime à secouer l’industrie du parfum. Sur ces notes trempées à l’encre noire, on peut distinguer des listes de victimes enterrées de Paris à Oman. L’Ancien est celui que tu aimes détester, c’est cette note de cœur qui te dérange mais qui rend la composition si singulière.
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Je pense qu’un petit lien sur la saison 2 … aurait été sympa
https://laparfumerie-podcast.com/saison-2/les-grands-groupes-du-parfum/
De mon point de vue, on peut taper sur tout le monde .. c’est drôle ok. Mais il suffirait que LVMH commence à faire du parfum plutôt que du chiffre d’affaire et on commencerait à avoir une industrie qui se remettrait la tête à l’endroit.
Sephora unique c’est 12 M$ de chiffre d’affaire l’équivalent de tout Estée Lauder par exemple. Sachant que les marques de LVMH doivent à vu de nez être dans 70% des meilleures ventes.
Le reste l’illisibilité de la « niche » (c’est à dire ceux qui ne peuvent pas allez chez Sephora bien que la plupart en rêve) sa balkanisation, sa multiplication ne serve que son intérêt. Après j’ai rien contre le tir au pigeon d’argile
L’horrible vérité.