Isabelle Larignon, des rêves à la réalité
Écouter l’interview d’Isabelle Larignon par La Parfumerie Podcast :
[interview]
Saison 4 – Épisode 21
Une présentation rêveuse : Le Zen (en Abu Dhabi de Gallivant) et L’Ancien (en Samsara de Guerlain) s’entretiennent avec Isabelle Larignon autour de son parcours, ses passions et son choix d’indépendance.
Par L’Ancien.
Donnez de la force à vos gars ! Il nous a fallu 5 espressos pour préparer cet épisode !
Les mille vies d’Isabelle Larignon
Isabelle Larignon n’est pas devenue parfumeuse en claquant des doigts. Elle n’est pas née à Grasse et son ascendance n’a aucun rapport avec le monde du parfum. Cette femme qui a séduit la sphère parfumée avec ses deux premières références en 2022, a vu du pays et beaucoup de couleurs avant de trouver sa voie.
C’est seulement après un pétage de plomb qu’elle se forme chez Cinquième Sens en tant que « designer olfactif » et se rapproche d’un certain Bertrand Duchauffour. L’encadrement du parfumeur lui permettra de faire ses armes, passant à la pratique et lui donnant la possibilité de peaufiner son premier parfum Le flocon de Johann K. .
Le chemin d’Isabelle s’est tracé sur des terres diverses mais toutes suivaient une intention empreinte d’une sincérité évidente. Du Tango argentin à l’Opéra, du monde des affaires à la gastronomie ou la boulangerie, des étapes étonnantes qui ont pourtant servi à façonner l’âme d’une rêveuse, une conteuse d’histoires qui devait se composer elle-même avant ses formules.
Isabelle Larignon incarne aujourd’hui ce qu’est l’artiste olfactif, au devant de choix et d’obstacles qui forcent le respect.
Raconter des histoires
Alors que de nombreux parfumeurs se jettent sur l’idée de porter leur propre maison de parfum sur leurs épaules, Isabelle a une préférence pour le jeu de rôle. Composer pour les autres permet de se consacrer à la formulation, au lieu de faire des maths à longueur de journée et surtout s’enfermer dans un discours de marque.
Mais face à elle se trouvent des résultats prometeurs : Le flocon de Johann K. et Milky Dragon sont des parfums qui laissent présager une enseigne de contes de fées olfactifs.
Car raconter des histoires elle sait le faire, composer aussi. Le petit buzz de ses deux lancements sont donc très encourageants et l’idée de faire pousser des odeurs sous son propre label se renforce sans l’avoir vraiment voulu.
Flocon en flacon
L’accueil du Flocon dans la sphère perfumista a été assez incroyable. Il faut dire que retranscrire olfactivement le « rien » de Johannes Kepler est assez osé et c’est ce qu’attend le public du monde de l’olfaction. Le parti pris, la prise de risque. La confirmation avec Milky Dragon donne sens à l’aventure.
Dans son petit espace de création, la parfumeuse se cherche donc un futur qui serait partagé entre le suivi de briefs et l’élaboration d’œuvres qui seraient siennes. Sans pression, sans rythme à suivre ou œillères qui compliqueraient l’expression. La dame Larignon a finalement une liberté dont elle veut profiter pleinement, qu’elle veut saisir pour ne pas se perdre ou faire les mauvais choix.
Toujours sous les bons conseils de son mentor Duchauffour, elle poursuit donc ce chemin qui s’offre à elle, sans trop se prendre la tête.
Le petit monde d’Isabelle Larignon.
Lire Larignon…
Ce qui ressort tout de suite lorsqu’on approche les références d’Isabelle Larignon, c’est le désir de planter un décor. Le storytelling très romancé, relevant d’un héritage palpable des plus beaux contes de fées, accompagne chaque fragrance. Le flocon de neige de Johannes Kepler en est un, ce doux dragon inspiré du thé milky Oolong en est encore un autre. Tout est beau, tout est ancré de rêves et d’images qui sensibilisent une perception précise de l’olfactif.
Dans une époque où justement le public a perdu ses repères dans les formules, acculturé et violenté par les parfums de la Pop Niche, les récits de cette forme sont un juste pari.
Glacer l’art ?
Cette Pop Niche justement nuit à l’aura artistique du parfum. Qui donc aujourd’hui, après des années de lutte d’Edmond Roudnitska et de ses dignes successeurs, a conscience que le parfum est une œuvre de l’esprit ? La parfumerie de Niche, devenue industrielle et hype, ne sert plus cette cause.
D’autres de leur côté, encore brûlants de naïveté et d’envie, continuent d’œuvrer dans cette perspective. Il y a ce désir de faire vivre des notes comme des personnages, les protagonistes d’une vraie histoire. C’est ce que soulève Isabelle lorsqu’on évoque sa préférence de ne pas procéder au glaçage après la macération. Laisser vivre son histoire, laisser aller les matières où elles veulent, en prenant évidemment le risque de voir muter sa composition au-delà des frontières envisagées.
Rêverie…
Mais le parfum est une rêverie plutôt qu’une verrerie. On compose des légendes qui se vaporiseront sur nos corps comme des nuées. Cette épopée que forme la petite frise chronologique d’Isabelle n’est autre que le verbe autour duquel s’articulent ces contes. La transparence d’un flocon qui illustre un refus du matérialisme, et ce superbe dragon dont le feu intérieur n’est que douceur, ne sont-ils pas des soupçons de l’âme de leur auteure ?
Les mille vies d’Isabelle Larignon
Isabelle Larignon n’est pas devenue parfumeuse en claquant des doigts. Elle n’est pas née à Grasse et son ascendance n’a aucun rapport avec le monde du parfum. Cette femme qui a séduit la sphère parfumée avec ses deux premières références en 2022, a vu du pays et beaucoup de couleurs avant de trouver sa voie.
C’est seulement après un pétage de plomb qu’elle se forme chez Cinquième Sens en tant que « designer olfactif » et se rapproche d’un certain Bertrand Duchauffour. L’encadrement du parfumeur lui permettra de faire ses armes, passant à la pratique et lui donnant la possibilité de peaufiner son premier parfum Le flocon de Johann K. .
Le chemin d’Isabelle s’est tracé sur des terres diverses mais toutes suivaient une intention empreinte d’une sincérité évidente. Du Tango argentin à l’Opéra, du monde des affaires à la gastronomie ou la boulangerie, des étapes étonnantes qui ont pourtant servi à façonner l’âme d’une rêveuse, une conteuse d’histoires qui devait se composer elle-même avant ses formules.
Isabelle Larignon incarne aujourd’hui ce qu’est l’artiste olfactif, au devant de choix et d’obstacles qui forcent le respect.
Raconter des histoires
Photo : Le petit monde d’Isabelle Larignon.
Alors que de nombreux parfumeurs se jettent sur l’idée de porter leur propre maison de parfum sur leurs épaules, Isabelle a une préférence pour le jeu de rôle. Composer pour les autres permet de se consacrer à la formulation, au lieu de faire des maths à longueur de journée et surtout s’enfermer dans un discours de marque.
Mais face à elle se trouvent des résultats prometeurs : Le flocon de Johann K. et Milky Dragon sont des parfums qui laissent présager une enseigne de contes de fées olfactifs.
Car raconter des histoires elle sait le faire, composer aussi. Le petit buzz de ses deux lancements sont donc très encourageants et l’idée de faire pousser des odeurs sous son propre label se renforce sans l’avoir vraiment voulu.
Flocon en flacon
L’accueil du Flocon dans la sphère perfumista a été assez incroyable. Il faut dire que retranscrire olfactivement le « rien » de Johannes Kepler est assez osé et c’est ce qu’attend le public du monde de l’olfaction. Le parti pris, la prise de risque. La confirmation avec Milky Dragon donne sens à l’aventure.
Dans son petit espace de création, la parfumeuse se cherche donc un futur qui serait partagé entre le suivi de briefs et l’élaboration d’œuvres qui seraient siennes. Sans pression, sans rythme à suivre ou œillères qui compliqueraient l’expression. La dame Larignon a finalement une liberté dont elle veut profiter pleinement, qu’elle veut saisir pour ne pas se perdre ou faire les mauvais choix.
Toujours sous les bons conseils de son mentor Duchauffour, elle poursuit donc ce chemin qui s’offre à elle, sans trop se prendre la tête.
Lire Larignon…
Ce qui ressort tout de suite lorsqu’on approche les références d’Isabelle Larignon, c’est le désir de planter un décor. Le storytelling très romancé, relevant d’un héritage palpable des plus beaux contes de fées, accompagne chaque fragrance. Le flocon de neige de Johannes Kepler en est un, ce doux dragon inspiré du thé milky Oolong en est encore un autre. Tout est beau, tout est ancré de rêves et d’images qui sensibilisent une perception précise de l’olfactif.
Dans une époque où justement le public a perdu ses repères dans les formules, acculturé et violenté par les parfums de la Pop Niche, les récits de cette forme sont un juste pari.
Glacer l’art ?
Cette Pop Niche justement nuit à l’aura artistique du parfum. Qui donc aujourd’hui, après des années de lutte d’Edmond Roudnitska et de ses dignes successeurs, a conscience que le parfum est une œuvre de l’esprit ? La parfumerie de Niche, devenue industrielle et hype, ne sert plus cette cause.
D’autres de leur côté, encore brûlants de naïveté et d’envie, continuent d’œuvrer dans cette perspective. Il y a ce désir de faire vivre des notes comme des personnages, les protagonistes d’une vraie histoire. C’est ce que soulève Isabelle lorsqu’on évoque sa préférence de ne pas procéder au glaçage après la macération. Laisser vivre son histoire, laisser aller les matières où elles veulent, en prenant évidemment le risque de voir muter sa composition au-delà des frontières envisagées.
Rêverie…
Mais le parfum est une rêverie plutôt qu’une verrerie. On compose des légendes qui se vaporiseront sur nos corps comme des nuées. Cette épopée que forme la petite frise chronologique d’Isabelle n’est autre que le verbe autour duquel s’articulent ces contes. La transparence d’un flocon qui illustre un refus du matérialisme, et ce superbe dragon dont le feu intérieur n’est que douceur, ne sont-ils pas des soupçons de l’âme de leur auteure ?
Alors, cette indépendance et ce parcours d’Isabelle Larignon ça vous inspire ?
Faites profiter le lecteur de votre expérience, lâchez un commentaire !
5 Commentaires
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L’auteur :
L’Ancien
Auteur / Animateur
Il est la voix lugubre de ce podcast, grande gueule qui aime à secouer l’industrie du parfum. Sur ces notes trempées à l’encre noire, on peut distinguer des listes de victimes enterrées de Paris à Oman. L’Ancien est celui que tu aimes détester, c’est cette note de cœur qui te dérange mais qui rend la composition si singulière.
La Parfumerie, La Saison 4 du Podcast Parfum
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J’étais déjà très motivée à l’idée de mettre mon nez sur les deux créations d’Isabelle Larignon, après ce podcast, ma curiosité n’en est que plus forte mais à part s’abonner à la box de Auparfum, ce qui ne m’intéresse guère, je dois bien le dire, y a- t-il un autre moyen de se les procurer ?
Merci infiniment pour vos commentaires en partage et votre intérêt quant à mon travail. Vous pouvez commander chaque référence en 10ml découverte/format voyage en m’adressant un mail à contact@maison-hume.com. Merci, Isabelle
Quelle belle interview d’une femme vraie et humaine ! C’est très intense, merci pour cette ouverture sur une aventure humaine unique. Votre écoute d’Isabelle Larignon est très belle.
merci Emma pour vos mots.
Effectivement Le Zen et l’Ancien savent accueillir avant, pendant et après l’enregistrement du posdcast. Leur écoute précieuse délie les confidences.
Flocon est un parfum magnifique! Je suis au Québec et la neige on s’y connait! Je me retrouve très bien dans ce parfum! Le travail de réflexion derrière ce parfum est très intéressant ! Les deux créations d’Isabelle sont vraiment de beaux parfums artistiques et poétiques