Produire pour produire
Où en est-on de la créativité en parfumerie ?
Saison 3 – Épisode 23
Écouter le podcast « produire pour produire »
Donnez de la force à vos gars ! Il nous a fallu 4 cafés bien corsés pour préparer cet épisode !
Un point sur la créativité en parfumerie
Depuis notre manifeste sur l’importance de la créativité en parfumerie, on n’a pas vraiment fait de point face à la productivité incessante en 2022. Car depuis l’avènement de la parfumerie de Niche dans les années 2000, qu’avons-nous obtenu créativement ? On retrouve surtout des marques qui cherchent à gagner la course en propulsant nombres de nouveautés.
Aucun game changer, juste des descendants de bons vieux succès, des copies même, et un nombre incalculable de parfums stériles. Souvent de belles prouesses techniques, mais rien d’innovant à l’arrivée. Bref, on sait produire mais on n’arrive toujours pas à proposer de vrais changement depuis presque vingt ans.
Les pionniers et les derniers
Depuis les pionniers de la Niche, à savoir Serge Lutens, The Different Company, L’Artisan Parfumeur et Frédéric Malle, on sent que le système s’essouffle. La relève, celle qui ferait tant de bien, a du mal à surgir et le flambeau s’éteint doucement. Les sorties se ressemblent, se calquent…
Lorsque les cœurs palpitaient…
Il est loin le temps où l’on partait en balade olfactive dans les grands magasins et qu’on se prenait des raclées à chaque fois. L’époque n’est plus la même, le business a gagné du terrain et la créativité n’a plus de marge de manœuvre. Les meilleurs sont touchés, mais l’espoir demeure pour eux.
Le plus inquiétant vient des jeunes marques qui poussent des productions sans risques, des jus sans âmes, des flacons vident de sens. On se contente de copier les réussites, le style des autres, quitte à sombrer dans la Pop Niche.
Pendant que le public reste les bras croisés, noyé dans une ignorance qui profite à tous, les projets se multiplient en ce sens et le tout stagne. On est si loin de l’époque où l’on pouvait découvrir une nouveauté atomique telle qu’Iris Silver Mist ! Les marques qui osent sont rares aujourd’hui. Elles s’appellent Naomi Goodsir ou Parfum d’Empire, de la bonne violence olfactive qui secoue les parfumeries. Mais elles sont trop peu.
Le grand remplacement
On est dans une industrie où une poignée de connards se partagent le gâteau. Soit. On n’a pas d’autre choix, pour le moment, que de faire avec. Les plus beaux parfums de notre décennie ont été réalisés par une dizaine de noms maximum. Il tape pourtant aux portes des centaines de jeunes têtes brûlées qui se font recaler lorsqu’ils postulent aux postes.
Les grandes Maisons de compostions que sont Givaudan ou autres Firmenich s’évertuent à user de leurs atouts les plus convaincants pour les gros contrats, chose normale. Il en ressort toujours des Ropion, des Kurkdjian, des Morillas, etc. Les mêmes grosses têtes qui raflent les mêmes récompensent pour les mêmes Maisons, les mêmes marques… Ras le bol. Rien ne change, on est désabusé, blasé. Malgré le respect qu’on leur doit, les vieux doivent juste dégager, laisser la place.
Produire, un métier loin des passions
On ne va pas se mentir, les équipes qui tirent les ficelles, celles qui opèrent sur le terrain, les parfumeurs eux-mêmes, tous ne voient plus que leurs salaires depuis des lustres. Créer ? Pour quoi faire ? On se répète ici, souvent, parce que le constat nous fait mal et reste persistant, indélébile.
L’Art n’est plus, ne se joue plus chez ceux qui le maitrise. Les nouveautés n’en sont pas, les œuvres ne le sont plus, l’Intelligence Artificielle a finalement trouvé sa place, plus personne ne réfléchit de toute façon.
On chie des flankers à tout va, on s’emmerde plus. Pourquoi se faire chier de toute façon ? On s’est levé à 7h du mat’, on s’est fait chier à venir bosser, on se force à sourire à la machine à café, on se caresse dans le sens du poil. Autant produire n’importe quoi, en obéissant comme il faut à la direction, se débarrasser du job sans se prendre la tête… on s’emmerde et on le sent dans le flacon.
À La Parfumerie Podcast, on n’y croit plus…
La Pop Niche, qui passe son temps à copier ce qui se fait ailleurs, ne copie que le stérile qui s’y fait. Des dupes de merde, en mode industriel, ça balance autant que le marché du privé, sans pause.
Produire, un métier loin des passions
On ne va pas se mentir, les équipes qui tirent les ficelles, celles qui opèrent sur le terrain, les parfumeurs eux-mêmes, tous ne voient plus que leurs salaires depuis des lustres. Créer ? Pour quoi faire ? On se répète ici, souvent, parce que le constat nous fait mal et reste persistant, indélébile.
L’Art n’est plus, ne se joue plus chez ceux qui le maitrise. Les nouveautés n’en sont pas, les œuvres ne le sont plus, l’Intelligence Artificielle a finalement trouvé sa place, plus personne ne réfléchit de toute façon.
On chie des flankers à tout va, on s’emmerde plus. Pourquoi se faire chier de toute façon ? On s’est levé à 7h du mat’, on s’est fait chier à venir bosser, on se force à sourire à la machine à café, on se caresse dans le sens du poil. Autant produire n’importe quoi, en obéissant comme il faut à la direction, se débarrasser du job sans se prendre la tête… on s’emmerde et on le sent dans le flacon.
À La Parfumerie Podcast, on n’y croit plus…
La Pop Niche, qui passe son temps à copier ce qui se fait ailleurs, ne copie que le stérile qui s’y fait. Des dupes de merde, en mode industriel, ça balance autant que le marché du privé, sans pause.
Pieds et mains liés
Chaque étage de la parfumerie est pris au piège par le système dans lequel elle s’est mise. Les millions donne le « la », tout le monde doit chanter dessus. Créer ? On ne prendra pas ce risque à cause de la taille des investissements. Les Opium, les Angel, les Poison, qui ont changé leurs époques, n’arriveront plus. Il faut passer à autre chose, mais l’énergie ne viendra pas d’en haut, c’est mort.
Alors, ce tour d’horizon de la créativité en 2022, ça vous dit quoi ? On continue de produire pour produire ?
Balancez-nous vos impressions !
1 Commentaire
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L’Ancien
Auteur / Animateur
Il est la voix lugubre de ce podcast, grande gueule qui aime à secouer l’industrie du parfum. Sur ces notes trempées à l’encre noire, on peut distinguer des listes de victimes enterrées de Paris à Oman. L’Ancien est celui que tu aimes détester, c’est cette note de cœur qui te dérange mais qui rend la composition si singulière.
La Saison 3 du Podcast Parfum La Parfumerie
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Bonsoir l’Ancien,
c’est une vision très morose, il est vrai que 98% de la parfumerie actuelle c’est de la daube mais quand même comme vous l’avez relever en France il y a encore des pépites incarné par des maisons comme Naomi Goodsir et Parfum d’Empire entre autres. Quand je traverse un gros nuage noir un peu comme vous en ce moment je regarde vers les parfumeurs artisanaux et indépendants ailleurs dans le monde et là croyez-moi on trouve de belles choses! Alors, je me permets sauf votre respect de vous conseiller ces quelques marques et parfums dans l’espoir que vous ferez une heureuse découverte qui vous feront croire à nouveau dans la parfumerie créative:
-Artisan Papillon Parfum (Liz Moore): Anubis, Salomé, Dryad, Bengale Rouge
-Charna Erthier, drunk on the moon/ St Clair scents, Casablanca
-Velvet and sweet pea’s: Luminous lemur, pangolin violette rose
-Bogue Pofumo: Maai, Mem
-Rubini: Fundamental, Tambour sacré, Nuvolari
-Hiram Green: Moon Bloom, Vivacious, Arbolé
-Jorum studio: trimerous, nectar, carduus
-Rogue perfumery: Mousse illuminée, Chypre siam, Jasmin antique
-April Aromatics: Pink wood, Calling all angels,
-DSH: Rendez-vous, Chinchilla
-Mention: Francesca Bianchi The lover’s tale, Under my skin, The Black knight