Rien dans l’flacon
Le luxe c’est du vent

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Du vent pour tous
StrangeLove n’a pas inventé le positionnement tarifaire excessif, d’autres les ont précédés comme Roja Dove ou Clive Christian. De la chiure en flacon vendue à prix d’or qui a presque servie de modèle pour ce qu’on nous tend aujourd’hui.
Côté grandes marques et collections privées, Gucci avait mis la barre un peu haute, mais s’est vite fait rattraper par la flambée qui a suivi dans le monde du mainstream. Ceci dit, peu importe ce qu’on paie, l’important c’est ce qu’on trouve à l’arrivée. Les portefeuilles de chaque consommateur sont différents, mais on doit être fourni en fonction de ce qu’on a pu mettre dans notre rêve.
Notre critique à propos de la marque de Christophe Laudamiel est donc fondée sur cet élément : pour 860€, qu’est que je trouve dans le flacon ? Il est temps d’étendre le sujet (quitte à revenir aux fondations liées à la première saison de La Parfumerie Podcast) à l’industrie plus généralement. Le mainstream n’incarne pas le cliché luxe, ok. Les collections privées, on les a décortiquées depuis longtemps, ok. Mais la niche nous vend quoi ?

Bouchons lourds, parfums stériles
Au vu (général) de ce qui paraît de par les parfumeries luxueuses, on ne trouve que de l’air sous les capots. Comment se fait-il qu’en payant beaucoup plus cher on aie pas le droit à du parfum plus riche ?
Ça fait bien longtemps qu’on a pas parlé de Fragrance du Bois et tous les baiseurs de clients du genre. Du gros bouchon, bien kitsch, des noms qui rappellent des matières chères, mais que du vent dedans. Les prix abusifs n’évoquent que la taille de la banane qu’on va se prendre, et c’est malheureusement la règle dans la catégorie.
Car s’il y a bien une matière qu’on nous propose à chaque fois chez la famille Dubois, c’est de l’extrait de banane plantain. N’en déplaise à Demi Rawling, il n’ y a rien à se mettre sous la dent chez cette marque, autant que chez elle d’ailleurs. C’est déjà ça de cohérent, autant le dire, ils étaient fais l’un pour l’autre.
Mais ça, c’est l’époque révolue du business via les influenceurs. De nos jours, on est revenu un peu sur les stats amassées en marge de cette perte de temps, les marques n’y ont pas vraiment gagné. Il faut donc revenir aux bases, la bonne baise à l’ancienne !

Des chiffres et des chiffres
On est arrivé là où c’était prévu de longue date. Les tests, les analytics et autres, sont devenus autant la règle que dans le mainstream. Les tendances mènent la danse et le prix est là pour faire sauter le verrou qui nous protégeait. Pourquoi dépenser moins alors qu’on peut se faire… bref ! Les biais cognitifs, pas besoin d’y revenir.
On est donc là, témoins du déclin final de la bonne intention créatrice, complice et victime à la fois. Quand on dit oui à Laudamiel et son projet de pénétration olfactive, on ouvre la porte à tous ceux qui hésitaient à s’inviter dans l’orgie. Soyons sérieux un moment, il y a vraiment besoin de discuter sur les fragrances de StrangeLove ? Oud ou pas oud, si la matière était le sujet on ne se taperait pas du bois ambré en pleines notes de cœur, point. Et même si la matière était l’hymne de la maison, on n’aurait toujours pas d’excuse tangible pour atteindre un tel viol tarifaire.

C’est pourtant facile…
C’est un débat où les mots n’ont aucun sens. S’il n’existait que cette marque, on pourrait peut-être comprendre qu’il faille l’accepter, mais on a l’embarras du choix ! Et même en catégorie luxe, je préfère cent fois Louis Vuitton et un Jacques Cavallier qui donne la minimale en qualité, que les bouffonneries exubérantes de Cricri. Son cinéma médiatique pseudo-révolutionnaire pouvait faire mouche, je l’avoue, mais en sentant ce type d’excès non-olfactif qu’est StrangeLove, on comprend vite qu’il s’agit d’un gamin qui crie au loup.
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