Tenue correcte exigée
À ceux qui croient que la puissance est un gage de qualité
Saison 3 – Épisode 36
Écouter le podcast sur la tenue des parfums
Une présentation tenace : Le Zen (en M7 d’Yves Saint Laurent) et L’Ancien (en Sketch de Maison Violet) évoquent la place de la tenue, du sillage et de la puissance relatives aux parfums, du fait que certains y voient un gage de qualité .
Donnez de la force à vos gars ! Il nous a fallu 7 cafés diaboliques pour préparer cet épisode !
À force de bouffer du parfum 2.0 à toutes les sauces, d’avoir emmagasiné comme références olfactives des blockbusters mainstreams bourrés de Bois Ambrés, la génération d’aujourd’hui classe la puissance dans les attributs les plus qualitatifs d’un parfum. La réalité est toute autre, mais il faut s’aventurer à sentir, voir la parfumerie d’avant et s’habituer à autre chose pour comprendre.
Une tenue obligatoire
Le parfum tel qu’il est pratiqué de nos jours n’est que l’ombre de ce qu’il était il y a à peine 30 ans. Propulsé par les missiles de Jean-Paul Gaultier ou son frère jumeau Paco Rabanne, le parfum puissant et tenace est devenu le mainstream d’aujourd’hui. Des sillages qui percutent pour briser des nuques dans tout le quartier, une tenue à devoir jeter ses vêtements après usage, la jeunesse y est désormais accoutumée.
Tattouage olfactif
En s’étant habitué à tant de performance, la jeune génération a abordé l’essor des collections privées et de la parfumerie de niche en y cherchant les mêmes codes. Le hic, c’est que la belle parfumerie ne s’apparente pas à cette manière de formuler, à la base.
C’est là que la Pop Niche s’est faite une place. Elle a créé une continuité de cette parfumerie mainstream en y collant les codes du luxe qui attirent tant. Le tour est joué. C’est beau, ça tient, c’est cher.
Tous ces biais cognitifs qui rassurent le client sont issus du virage de l’industrie du parfum. Même si elle a toujours surfé sur l’imagerie luxe, elle emprunte finalement à l’expérience des grands groupes, bourrée d’analytics.
Le bal des grosses merdes
Génération parfum 2.0
Cette génération qui a été biberonnée aux enfants de Black XS de Paco Rabanne n’a eu qu’à suivre le chemin qu’on lui a tracé. Des matières synthétiques low-cost qui lui donne l’impression d’en avoir pour son oseille, on en colle partout. Chaque machine à sous lancée sur les étales des Sephora répond aux mêmes algorithmes pour séduire le nez ignorant.
Sur cette belle mélodie, dansent les succès commerciaux les plus écœurants, des formules plus chimiques que créatives, qui décollent les narines et les papiers-peints. Des sent-bons, des parfums qui pulsent mais qui n’ont rien de beau.
De flanker en flanker, comme pour l’arbre généalogique du Mâle, on empire la compo, une soupe de bois ambrés, d’Ambroxan ou d’AmberXtreme, de la colle à moquette pour servir le modèle marketté. Un schéma qui se voit aujourd’hui copié-collé dans la niche de merde, autant la Pop que les autres.
Chaque extrême est finalement dépassé, pour en arrivé à Sauvage de Dior ou Y de Saint Laurent, qui seront à leur tour désuets. C’est tout cela qu’a avalé cette génération, pour prendre la dernière douille sous couvert de prix gonflés.
Le parfum, ça n’est pas ça.
En parfumerie, cet art qui produit du parfum comme il se doit, on raconte une histoire. Parler d’un petit matin d’automne, forcément, ne s’exprimera pas comme un orage d’été. La douceur et la force sont deux choses distinctes qui se ressentiront autant dans la musique que dans la peinture, qu’au cinéma.
Ces récits olfactifs se racontent par des notes, des matières, qui vont se diffuser à leurs rythmes, en tête, en cœur ou en fond.
La tenue du parfum se joue par le biais des notes de fond. Lorsque les matières les plus volatiles se seront échappées, que le cœur aura parlé, les notes les plus résistantes resteront parfois des heures.
Le fin fond
La Tonka, les muscs, la Vanille, l’Ambre, et bien d’autres se diffuseront lentement, donnant une longévité au parfum. Certaines fragrances n’étant pas composées pour durer autant, ne resteront que peu de temps avec nous. Une courte histoire, légère.
Des parfums comme Iris Ukiyoé d’Hermès sont composés dans cette optique. Un beau récit, qui ne s’écoute qu’en privé, loin de tout.
Plonger dans l’Histoire du parfum
C’est pour toutes ses raisons qu’on martèle ici qu’il faut obligatoirement se cultiver. Le parfum c’est une histoire, c’est des classiques. Ce qu’on balance en vidéo pour nous faire avaler n’importe quoi, pour nous faire dégainer nos cartes bancaires, ne sont que des paillettes qui brillent aussi fort que des bois ambrés.
Cette culture qu’on essaie d’effacer à des fins capitalistes, c’est un arbre généalogique immense. Des gens résistent, des livres existent, le vrai parfum persiste. Finalement, c’est à nous de tenir.
Et vous, qu’elle importance vous donnez à la tenue d’un parfum ?
Balancez-nous vos impressions !
2 Commentaires
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L’Ancien
Auteur / Animateur
Il est la voix lugubre de ce podcast, grande gueule qui aime à secouer l’industrie du parfum. Sur ces notes trempées à l’encre noire, on peut distinguer des listes de victimes enterrées de Paris à Oman. L’Ancien est celui que tu aimes détester, c’est cette note de cœur qui te dérange mais qui rend la composition si singulière.
La Saison 3 du Podcast Parfum La Parfumerie
Tous les épisodes :
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Ne changez rien. Vous êtes sinceres. Vous savez reconnaitre un bon parfum même s’il ne vous plait pas. Vous savez reconnaitre le taf des nez même si le resultat final est Secretions Magnifiques.
Pour le sujet de base, sillage tenue. Si t’achetes un parfum c’est pour sentir ce parfum. Si t’achete un aspirateur qu’aspire pas tu l’as dans le c**
Les marque qui crée un parfum, les nez le teste, ils savent qu’il a pas de sillage/tenue, à partir de ce moment, meme s’il la qualité est la ils soivent être honnete est fixer le prix en fonction du produit.
Tu vends un bon parfum qui sent rien… ok ! Mais perso je met pas plus de 30 balle pour un truc qui dur 2h et que tu peux sentir uniquement en collant ton nez sur ta mains. Même si c’est Hermes, tu peux pas vendre cher un produit qui ne remplit pas le rôle pour lequel on l’a acheté.
Hum! Certes la puissance (projection) et la tenue ne sont pas forcément gage de qualité… sauf que cette affirmation est réversible: le fait qu’un parfum vire à l’eau de pluie en 2 minutes chrono n’est pas davantage un gage de qualité! Un bon parfum, en tout cas pour moi, c’est non seulement une belle construction olfactive, mais également de la tenue, de la diffusion et du sillage, sinon je ne vois pas l’intérêt de se parfumer! Donc je suis d’accord avec Tibo, sur le fait qu’un parfum à la projection faible et à la durée courte doit avoir un prix en rapport: léger lui aussi. Si je veux me parfumer légèrement, j’achète purement et simplement une bonne eau de cologne, il y en a d’excellentes à petits prix. En revanche, si j’investis dans « un grand parfum » qui coûte un bras, j’aime autant que ça tienne plus longtemps que le temps d’un battement de cil. Tout le reste n’est que débat intellectuel…