Hermès, Cartier ou Chanel ?
Débat sur le sommet de la parfumerie
Le somment de la parfumerie se détache très facilement : Hermès, Cartier et Chanel. On débat tranquillement entre nous sur la maison qui nous semble au-dessus des autres, on évoque les enjeux de ces enseignes pour le futur.
Saison 6 – Épisode 12
Écouter le podcast sur les marques Hermès, Cartier et Chanel :
Hermès, Cartier ou Chanel ?
Une présentation luxueuse : Le Zen (en All Nile Long de Tayshaba), Djack (qui porte La Panthère Noir Absolu de Cartier), La Panthère (en Santal Majuscule de Serge Lutens) et L’Ancien (en Must Parfum de Cartier).
Par L’Ancien.
Au-dessus des autres
Lorsqu’on fait le bilan olfactif de ce qui se fait de nos jours, on réalise vite que l’industrie du parfum ne ressemble plus à rien. Mais surtout, on comprend que la parfumerie de niche ne représente plus l’alternative qu’elle incarnait à son arrivée il y a trente ans. Les créatifs sont finalement les écuries du mainstream, celles qui osent le plus, qui vont le plus loin techniquement, et ce malgré les tests à la con et les cahiers des charges parfois drastiques. Le temps a dévoilé les vrais, ceux qui tiennent le pavé, qui maitrisent le ter-ter. Les Hermès, Cartier et Chanel volent au-dessus du nid de coucous, très haut.
L’expérience ne s’obtient pas dans un crowdfounding de start-up. Les grandes marques, Dior, Guerlain ou Saint Laurent inclus, produisent ce que personne ne peut se permettre de faire, et encore plus en appartenant à des groupes géants du luxe. Par contre ce qu’ils doivent tous affronter, petits ou grands, c’est ce futur invisible qui se présente comme un ennemi à vaincre, chaque jour. Malgré l’expérience personne n’est invincible.

Donnez de la force à vos gars ! Il nous a fallu 4 doubles espressos pour préparer cet épisode !

Un passé immense
L’éminente maison Hermès produit du beau depuis toujours et s’évertue à tenir la barre. On est bien conscient que quelques bémols sont apparus ses dernières années, mais l’ensemble reste exemplaire dans le petit monde de la parfumerie.
Les années Jean-Claude Ellena sont évidemment l’apogée de la marque, avec des productions uniques au monde et donnant une véritable identité olfactive à Hermès. Un chef-d’œuvre comme Cuir d’Ange parle de lui-même. L’autre pièce maitresse de cette ère est bien-sûr Terre d’Hermès, parfum pour homme qui a marqué l’histoire.
Plus en profondeur dans le catalogue, les collections des Jardins ou des Colognes sont globalement de pures merveilles, l’étonnant Twilly est une leçon, et puis Galop quoi, bordel de merde !
Dans ce qui nous apparait comme le top 3 de l’industrie, Hermès se place en tête, easy. Le patrimoine de la maison est immense. Lorsqu’on a dans son catalogue des 24 Faubourg, Calèche ou Kelly Calèche, Équipage, L’Eau des Merveilles, Jour d’Hermès, Eau d’Orange Verte, Eau de Narcisse Bleu, Bel Ami… peu font le poids en face.

Agilité féline
Cartier, malgré son patrimoine olfactif plus restreint, se défend avec son image. Des trois enseignes, elle est la seule à ne pas bénéficier de l’aura de la haute couture mais elle focalise les regards avec l’immensité de sa réputation en joaillerie, horlogerie ou lunettes.
Cette image ultra luxe mais preservée des tendances de la mode, Cartier l’exploite à merveille pour sa parfumerie. Des compositions précises, comme formulées par un diamantaire, des flacons luxueux et peu de marketing pour ne pas avoir l’air mainstream, on slalome entre les codes. En propulsant son blockbuster féminin La Panthère, la maison a réussi un coup de maitre dans le secteur du sélectif. Elle a aussi démontré aux yeux du monde son expertise avec une collection privée absolument monumentale : Les Heures de Cartier.
Avec la parfumeuse Mathilde Laurent à la baguette on est dans une ère qui n’aura jamais son pareil à coup sûr pour la maison, il faut donc en profiter pour composer ce qui sera l’un des plus beau catalogue du game au final. Cartier a d’ailleurs un brillant coup d’avance sur la concurrence : ses Nécessaires à Parfum qui lient les plus grands classiques de la marque à un packaging de haut luxe. Bravo !

Romancier du parfum
Chanel a construit son patrimoine sur beaucoup d’histoires qui n’ont de sources que les carnets de notes sur lesquels elles ont été rédigées. Les légendes autour du fameux N°5 ne sont que des légendes, mais qui ont construit une véritable légende ! Les parfums monumentaux qui ont suivi ont confirmé le sérieux de la maison dans le temps : N°19, Cuir de Russie, N°22, Coco et j’en passe.
Dans notre ère moderne, Chanel est parti à la conquête du mainstream avec d’autres monuments tels qu’Antaeus, Allure ou Égoïste, mais c’est avec Bleu que la marque fait mouche en devenant le parfum masculin le plus vendu.
Avec Jacques puis Olivier Polge en tant que parfumeurs de notre ère, avec l’encadrement du chef d’orchestre Christopher Sheldrake, la marque a intelligement intégré ses classiques dans sa collection privée Les Exclusifs, puis y a développé de superbes parfums qui ont complètement assis la suprémacie Chanel.
Le bail à Gabrielle fonctionne, parfaitement repris par les tenanciers d’aujourd’hui, traversant les tempètes avec une certaine lucidité. On attend toujours que Chanel tourne la page du N°5, à la fois monument et poison de par son omniprésence.

Tourner la page
En cette période où la parfumerie de luxe se cherche un chemin pour sortir du piège des supermarchés du parfum, lesdites collections privées ont été une solution pour afficher prix gras et paillettes. Dior est évidemment l’exemple en la matière puisque la marque a su, en suivant le mode d’emploi Tom Ford, lier marketing, jus mainstream et prix élevés. Mais nos trois maisons citées ici sont toutes sous l’emprise de leur histoire, se débattant en eau trouble pour ne pas se noyer.
N°5 est un bloc de béton enchainé au pied de Chanel. Utiliser la légende en tant que référence et storytelling est très logique, mais malheureusement le poids se ressent dans le présent de la marque. Bleu est un autre handicap qui pèse lourd au niveau du sélectif masculin, où est Chanel ? Si Le Lion semble enfin donner une vie publique aux Exclusifs, il en faudra bien plus pour tourner cette page de générations si difficile à franchir.
Un homme à Terre
On en a beaucoup parlé autour de la sortie de H24, Terre est à la fois le plus grand succès d’Hermès et son boulet à trainer jusqu’à la tombe. Il n’y aura jamais de second Terre, tout simplement, et la maison doit trouver une solution pour conquérir son futur.
On a débattu sur le problème d’austérité que dégage l’image de Chanel et Hermès, avec surtout des Hermessences très chères et un packaging qui dénote un brin, mais c’est surtout l’image de marque générale qui leur fait défaut. Cartier s’en sort mais n’est pas à l’abri, il va falloir s’adapter au plus vite, en suivant l’exemple du cauchemar Dior.
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En cette période où la parfumerie de luxe se cherche un chemin pour sortir du piège des supermarchés du parfum, lesdites collections privées ont été une solution pour afficher prix gras et paillettes. Dior est évidemment l’exemple en la matière puisque la marque a su, en suivant le mode d’emploi Tom Ford, lier marketing, jus mainstream et prix élevés. Mais nos trois maisons citées ici sont toutes sous l’emprise de leur histoire, se débattant en eau trouble pour ne pas se noyer.
N°5 est un bloc de béton enchainé au pied de Chanel. Utiliser la légende en tant que référence et storytelling est très logique, mais malheureusement le poids se ressent dans le présent de la marque. Bleu est un autre handicap qui pèse lourd au niveau du sélectif masculin, où est Chanel ? Si Le Lion semble enfin donner une vie publique aux Exclusifs, il en faudra bien plus pour tourner cette page de générations si difficile à franchir.
Un homme à Terre
On en a beaucoup parlé autour de la sortie de H24, Terre est à la fois le plus grand succès d’Hermès et son boulet à trainer jusqu’à la tombe. Il n’y aura jamais de second Terre, tout simplement, et la maison doit trouver une solution pour conquérir son futur.
On a débattu sur le problème d’austérité que dégage l’image de Chanel et Hermès, avec surtout des Hermessences très chères et un packaging qui dénote un brin, mais c’est surtout l’image de marque générale qui leur fait défaut. Cartier s’en sort mais n’est pas à l’abri, il va falloir s’adapter au plus vite, en suivant l’exemple du cauchemar Dior.
Et pour vous, qui d’entre Hermès, Cartier ou Chanel représente le plus le sommet de la parfumerie ?
Faites profiter le lecteur de votre expérience, lâchez un commentaire !
L’auteur :

L’Ancien
Auteur / Animateur
Il est la voix lugubre de ce podcast, grande gueule qui aime à secouer l’industrie du parfum. Sur ces notes trempées à l’encre noire, on peut distinguer des listes de victimes enterrées de Paris à Oman. L’Ancien est celui que tu aimes détester, c’est cette note de cœur qui te dérange mais qui rend la composition si singulière.
La Parfumerie, La Saison 6 du Podcast Parfum
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