Le parfum, œuvre d’art ou simple produit de consommation ?
Écouter le podcast sur la notion artistique du parfum :
Où se trouve la frontière ?
Saison 4 – Épisode 40
Une présentation abstraite : Zaïd (en Scusami de Filippo Sorcinelli), L’Ancien (en Little Song de Meo Fusciuni) et Le Zen (qui porte L’Ambre des Fleurs de Floratropia) bavardent autour de la notion de l’art en parfumerie, si le parfum n’est-il pas en réalité qu’un simple produit de consommation ?
Par L’Ancien.
Donnez de la force à vos gars ! Il nous a fallu 3 triple espressos pour préparer cet épisode !
De l’art dans le business ?
Si l’on dépasse les sacro-saintes déclarations de grands parfumeurs, du passé ou du présent, on est obligé de se poser des questions. Si l’acte de composer un parfum relève bien évidemment de l’art, le produit fini, l’œuvre, peut-elle être réellement considérée dans un cadre artistique ?
Même si en parfumerie de Niche on emploie aisément un champ lexical qui s’y lie, l’industrie du camp Mainstream n’utilise jamais les mêmes termes. On reste généralement dans un storytelling lié au parfum vendu, tournant le plus souvent autour de la séduction et de la réussite.
Qui dit « industrie » dit « business », forcément. Ce qui y est vendu est un produit, rien de plus. Le marketing étant là pour attirer l’attention des consommateurs, pour vendre par camions. Peut-on parler d’art ici ?
Même si le débat peut être long, les grandes lignes sont facile à mettre en lumière. Et la question englobe l’intention des parfumeurs, des directions artistiques, des propriétaires de marques…
Vendre et s’enrichir n’est pas interdit, mais ça floue le caractère de l’œuvre. Pourquoi est-elle réalisée, n’est-elle pas une création à part entière ?
L’Art c’est les artistes
La parfumerie souffre de son caractère consommable. Alors qu’un tableau de grand peintre peut s’hériter de père en fils, perdurer des années voir des siècles, un parfum, lui, finira par être consommé. Même la musique n’a pas cette problématique au final.
L’art olfactif se limitera donc à ce que réalise le parfumeur avant que son œuvre n’intègre le pan industriel de la parfumerie. Certains parfumeurs d’ailleurs disent qu’une fois que leur parfum part en conditionnement pour être vendu, il ne leur appartient plus.
Le domaine de la disponibilité public met donc fin à la propriété de l’artiste, met fin à l’art d’un certain point de vue.
L’émotion
Les œuvres d’art ont cette particularité de susciter l’émotion. Peu importe le type d’art, celui qui le contemple, l’écoute, ressent en lui ce sentiment d’être face à quelque chose d’unique, d’intemporel, de jamais vu. Mais c’est ici que se distinguent le passionné et l’ignorant ; le connaisseur et l’amateur.
La critique parfum, apparue de manière décomplexée dans les années 2010 dans le monde francophone, a propulsé les avis. Des connaisseurs de la chose du parfum ont pu faire connaître l’art olfactif, cet art qui fait du parfum ce qu’il est.
À travers donc une industrie rouleau compresseur, on a pu différencier les chefs-d’œuvre des navets.
Évidemment, dans la masse ignorante de nombreux navets font des émules. Certains parfums plats et emplis de matières stéroïdiennes font parler d’eux comme s’ils étaient de grands classiques de la parfumerie. Mais c’est bien à cette place que joue le rôle du marketing et de la hype, donnant une aura à ce qui n’a pas d’âme.
Le subjectif de cet art
Au final, la perception revient à tout un chacun, mais surtout à la capacité de le juger. De même qu’on apprend pas à un ingénieur du son à déceler une ligne de basse dans un morceau, un initié du monde de l’olfaction aura le même type de vision décomposée d’une formule.
Car là où cet expert du son n’écoutera une œuvre musicale qu’en la divisant en pistes dans sa tête, le parfumeur de son côté divisera une composition parfumée de la même manière, en matières premières mises ensemble pour formée un récit.
Le peintre, le musicien, le parfumeur…
Il se trouve que ces artistes sont avant tout des experts de leurs domaines, le parfum est comme le reste, un art qui se veut produit une fois jeté dans le circuit du commerce. Un art qui se vend, qui rapporte, mais qui se raconte quand même.
De l’art dans le business ?
Si l’on dépasse les sacro-saintes déclarations de grands parfumeurs, du passé ou du présent, on est obligé de se poser des questions. Si l’acte de composer un parfum relève bien évidemment de l’art, le produit fini, l’œuvre, peut-elle être réellement considérée dans un cadre artistique ?
Même si en parfumerie de Niche on emploie aisément un champ lexical qui s’y lie, l’industrie du camp Mainstream n’utilise jamais les mêmes termes. On reste généralement dans un storytelling lié au parfum vendu, tournant le plus souvent autour de la séduction et de la réussite.
Qui dit « industrie » dit « business », forcément. Ce qui y est vendu est un produit, rien de plus. Le marketing étant là pour attirer l’attention des consommateurs, pour vendre par camions. Peut-on parler d’art ici ?
Même si le débat peut être long, les grandes lignes sont facile à mettre en lumière. Et la question englobe l’intention des parfumeurs, des directions artistiques, des propriétaires de marques…
Vendre et s’enrichir n’est pas interdit, mais ça floue le caractère de l’œuvre. Pourquoi est-elle réalisée, n’est-elle pas une création à part entière ?
L’Art c’est les artistes
La parfumerie souffre de son caractère consommable. Alors qu’un tableau de grand peintre peut s’hériter de père en fils, perdurer des années voir des siècles, un parfum, lui, finira par être consommé. Même la musique n’a pas cette problématique au final.
L’art olfactif se limitera donc à ce que réalise le parfumeur avant que son œuvre n’intègre le pan industriel de la parfumerie. Certains parfumeurs d’ailleurs disent qu’une fois que leur parfum part en conditionnement pour être vendu, il ne leur appartient plus.
Le domaine de la disponibilité public met donc fin à la propriété de l’artiste, met fin à l’art d’un certain point de vue.
L’émotion
Les œuvres d’art ont cette particularité de susciter l’émotion. Peu importe le type d’art, celui qui le contemple, l’écoute, ressent en lui ce sentiment d’être face à quelque chose d’unique, d’intemporel, de jamais vu. Mais c’est ici que se distinguent le passionné et l’ignorant ; le connaisseur et l’amateur.
La critique parfum, apparue de manière décomplexée dans les années 2010 dans le monde francophone, a propulsé les avis. Des connaisseurs de la chose du parfum ont pu faire connaître l’art olfactif, cet art qui fait du parfum ce qu’il est.
À travers donc une industrie rouleau compresseur, on a pu différencier les chefs-d’œuvre des navets.
Évidemment, dans la masse ignorante de nombreux navets font des émules. Certains parfums plats et emplis de matières stéroïdiennes font parler d’eux comme s’ils étaient de grands classiques de la parfumerie. Mais c’est bien à cette place que joue le rôle du marketing et de la hype, donnant une aura à ce qui n’a pas d’âme.
Le subjectif de cet art
Au final, la perception revient à tout un chacun, mais surtout à la capacité de le juger. De même qu’on apprend pas à un ingénieur du son à déceler une ligne de basse dans un morceau, un initié du monde de l’olfaction aura le même type de vision décomposée d’une formule.
Car là où cet expert du son n’écoutera une œuvre musicale qu’en la divisant en pistes dans sa tête, le parfumeur de son côté divisera une composition parfumée de la même manière, en matières premières mises ensemble pour formée un récit.
Le peintre, le musicien, le parfumeur…
Il se trouve que ces artistes sont avant tout des experts de leurs domaines, le parfum est comme le reste, un art qui se veut produit une fois jeté dans le circuit du commerce. Un art qui se vend, qui rapporte, mais qui se raconte quand même.
Le parfum relève-t-il de l’Art ou n’est-il qu’un produit pour vous ?
2 Commentaires
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L’auteur :
L’Ancien
Auteur / Animateur
Il est la voix lugubre de ce podcast, grande gueule qui aime à secouer l’industrie du parfum. Sur ces notes trempées à l’encre noire, on peut distinguer des listes de victimes enterrées de Paris à Oman. L’Ancien est celui que tu aimes détester, c’est cette note de cœur qui te dérange mais qui rend la composition si singulière.
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Gallivant, from London
Gallivant c’est la petite marque qui ne parle pas mais qui produit du vrai parfum, portable et archi bien foutu, sans prétention ni complexe.
Les points sur les « i »
Il fallait qu’on règle quelques comptes, qu’on replace certaines choses, dont l’olfaction et le vrai parfum, au centre du débat…
Quelques commentaires à chaud en écoutant le podcast:
Les artistes du passé avaient aussi leur « service commercial » et n’étaient pas naïfs quant à l’argent : Rembrandt avait un atelier rempli d’apprentis qui faisaient une partie de son taf, il était payé par les notables de sa ville; le génial Goya était aussi un peintre de cour, il n’a pas dû avoir beaucoup faim dans sa vie. Et ce sont d’immenses artistes! On peut vendre son travail ET avoir une vision de son Art. C’est la retranscription d’une idée qui fait l’art, la technique et l’idée qui porte l’oeuvre.
Femme, qui développe une idée, qui est technique et est porté par une réflexion, c’est de l’Art. Un bois vanille (que j’aime aussi beaucoup par ailleurs ) , ça sent bon. C’est peut-être du bon artisanat, mais pas de l’art.
Et vous ne pensez pas que le parfum est dévalorisé et qu’on lui refuse parfois le dénominatif d’art, parce que nous sommes des êtres visuels, et que même sans grande culture artistique un Van Gogh ça nous interpelle, alors qu’une odeur sans « exercices », et sans culture olfactive on ne « sait pas » sentir?
Complètement d’accord. Tout se doit d’être visuel pour être considéré, malheureusement. Le parfum d’ailleurs nous rapproche plus de l’idée derrière l’œuvre, de par son invisibilité, et rien que pour ça devrait être mieux considéré en tant qu’art.