Le parfum 2.0
Une problématique olfactive réelle
Saison 3 – Épisode 33
Écouter le podcast sur le parfum 2.0
Une présentation virale : L’Ancien (en Radio Bombay de DS & Durga) et Le Zen (en Fougère Bengale de Parfum d’Empire) expliquent le problème que représente le parfum 2.0 en matière de culture olfactive, et en profitent pour mettre quelques points sur des « i » à l’instagramette de service.
Donnez de la force à vos gars ! Il nous a fallu 2 triples espressos pour préparer cet épisode !
Pur héritage de la parfumerie mainstream la plus vile, le parfum 2.0 s’est inséré dans la parfumerie de Niche jusqu’à devenir une composition incontournable aux nez des non-initiés. Par son efficacité évidente, des parfums qui pulsent pendant des heures et qui envoient une projection au napalm, il fait croire à une parfumerie de qualité.
De Paco Rabanne à Byron
De génération en génération, on a pu voir passer de sacrés grands parfums. Chacune a connu un blockbuster intergalactique qui l’a marquée. S’il y a bien une différence entre chaque couche de cette frise chronologique, c’est au niveau de la qualité des compositions. Mais s’il y a bien aussi un lien entre toutes, c’est bien sûr au niveau de la communication.
Parmi les marques qui ont le plus mitrailler durant les deux dernières décennies, Paco Rabanne et Jean-Paul Gaultier sont évidemment au sommet de la liste. Chiant des merdes incommensurables, des brutalités à sentir, de la caricature de formulation. Ces marques ont popularisé les Bois Ambrés, matières utilisées pour faire exploser les formules jusqu’à Pluton. On leur doit clairement leur avènement dans l’industrie.
2000-2020
Lorsque la Niche a vu le jour, on changeait la couches de certains, on les biberonnait à ces merdes odorantes, leur gravant dans leur ADN que ce sont de grandes références. C’est avec ce triste bagage olfactif qu’ils ont grandi, qu’ils atteint l’âge de s’offrir leur première fragrance, chez un Sephora qui leur apparaissait alors comme un temple qui avait toujours existé.
Cette génération est entrée de plein pied dans l’ère de l’internet, des réseaux sociaux, de l’influence YouTubante, Instagramante et TikTokante.
Acculturation volontaire
Une fois lancés en masse sur le net, les Jérémiades ont pu commencer en médiatisant les pires parfums, hontes d’une époque emballées dans des designs bling-blings et des discours d’ignorants finis.
Formatés à la perfection par les grands groupes, les infuenceurs parfums se sont multipliés, nous offrant pire à chaque fois. Avec la hype née autour de la parfumerie de Niche, la concurence de la branche alternative du parfum a fait rage. Depuis les lancements en toute noblesse de Frédéric Malle, The Different Company, Serge Lutens ou l’Artisan Parfumeur, le niveau était clairement en baisse, souillé par l’arrivée des opportunistes du game.
Mais cette hype soudaine a tout chamboulé, assénant le coup de grâce à la belle parfumerie, à l’audace, à l’Art. Les marques les plus floues s’en sont donné à cœur-joie, crachant des venins flaconnés, des jus de plus en plus navrant.
Doucement, le parfum 2.0, idéologie mainstream de la parfumerie confidentielle, prenait place, poussant des étagères les belles réalisations, les maisons créatives et les belles intentions. La guerre est ouverte, on ne fera pas de prisonnier. Byron, Parfums de Marly, Initio, la liste est longue et très sombre. Le bobard, dur à avaler pour nous, glisse calmement dans les gosiers de cette génération abrutie, sous le coup d’un marketing parfaitement adapté.
Génération Jérémy
C’est exactement cette génération qui n’arrive pas à comprendre ce qu’est un parfum de qualité. Lorsqu’on explique, dans notre dernier épisode sur la communication, qu’il n’est pas normal que le prix d’un Parfum d’Empire soit en dessous d’une merde de Parfums de Marly, il ne comprend rien. Lorsqu’on explique que sans budget marketing on ne peut pas vendre de nos jour, il ne comprend rien. Un abruti fini. Et c’est ce genre de guignol qui est censé nous expliquer le parfum… on est dans la merde.
Ça met en avant des parfums 2.0 et de la Niche d’envahisseurs qui pratiquent tout ce qu’il critique dans son reel (en photo), mais ça ne comprend pas qu’une marque qualitative en fasse de même, qu’elle se donne une chance de vendre plus. L’imbécilité ne tue pas, heureusement. Elle est virale surtout, malheureusement.
Parfum 2.0 : le brouillage de pistes
Le client Sephorien qu’on a conduit vers la niche via le marché gris ne peut pas comprendre. Il se trouve dans une prison dont on a savamment monté les murs. Il découvre des parfums bourrins qui s’apparentent à ce qu’il achetait dans les supermarchés.
La mort des classiques
En se détachant ainsi de la parfumerie historique, ce nouveau profil formaté de client est non seulement incapable d’appréhender les grands parfums d’avant, tels que des Vol de Nuit ou des Mitsouko, mais il pense surtout que ce qui se fait de nos jours au sein de la Pop Niche est du grand parfum.
On entend des « ça sent la vieille » au sujet de chefs-d’œuvre comme Portrait of a Lady, la population du pays du parfum n’est que l’ombre de ce vers quoi l’élevait sa culture.
D’où donc l’importance de catégoriser la parfumerie de Niche, de placer les maisons dans les paniers qui leurs conviennent. Un repère nécessaire pour les jeunes générations du parfum, les passionnés perdus.
Et vous, ce parfum 2.0 vous a eu ?
Balancez-nous vos impressions !
1 Commentaire
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L’Ancien
Auteur / Animateur
Il est la voix lugubre de ce podcast, grande gueule qui aime à secouer l’industrie du parfum. Sur ces notes trempées à l’encre noire, on peut distinguer des listes de victimes enterrées de Paris à Oman. L’Ancien est celui que tu aimes détester, c’est cette note de cœur qui te dérange mais qui rend la composition si singulière.
La Saison 3 du Podcast Parfum La Parfumerie
Tous les épisodes :
Olivier Parfumerie & Les influenceurs Parfum
Ces individus critiquent-ils les fragrances ? Sort-on grandis des videos d’Olivier Parfumerie et consort ? Parlons-en…
Échauffement…
Saison 3 de notre podcast parfum, l’échauffement pour la Sale équipe ! Un premier épisode sur ce qui nous a marqué pendant les vacances… petite mise en jambe.
Salut à toi L’ancien, salut à toi le Zen, je n’ai pas pour habitude d’intervenir, je ne suis pas sur les réseaux sociaux, je préfère la discrétion, en ce qui concerne les parfums, je me contente de beaucoup me documenter, lire, acheter pleins d’échantillons ( et oui, j’habites en province) et de vous écouter à l’occasion…donc , ce message est un simple encouragement, je trouve vos articles top et j’avoue que je m’amuse beaucoup à vous écouter, même si parfois je suis un peu en désaccord, mais c’est bien là le plus intéressant, enfin voilà, surtout ne changez rien.