Avis Parfum : L’ombre dans l’eau de Diptyque
Écouter l’Avis de La Parfumerie sur L’ombre dans l’eau de Diptyque :
L’ombre dans l’eau, parfum lancé en 1983, composé par Serge Kalouguine | Floral.
L’œuvre L’ombre dans l’eau
Si Après l’Ondée de Guerlain était l’œuvre d’un peintre, elle serait de Claude Monet pour le génie de son trait flou, pour la suggestion représentative d’une sensation, pour l’image arrêtée d’une contemplation figurée. Et si à son tour L’ombre dans l’eau était l’œuvre d’un peintre, il serait d’Auguste Renoir. Peintre également issu du courant impressionniste (controversé par certains historiens car il utilisait trop fréquemment la couleur noire dans ses tableaux), Renoir est le peintre de la fameuse et sombre nostalgie; celle qui brunit les cœurs abandonnés au temps passé, et refait surface à coups de grandes douleurs imagées…

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Présentation : Fun
Composition contradictoire
L’Ombre dans l’eau, sorti en 1983 du nez de Serge Kalouguine en eau de toilette (la plus intéressante, selon moi) puis en 2012 en eau de parfum, est un tableau bucolique à la fois fruité et rosé qui m’apparait en deux versions contradictoires selon le moment où je le porte.
Premier récit
Parfum narratif, voici le premier tableau vécu, en extérieur, dans une ambiance humide et froide :
Une cloche tinta timidement dans le paysage brumeux. Un parterre de feuilles pourpres jalonnait annuellement les routes durant l’arrière saison. Les charmes et les saules étaient nus et las. De verts et froids embruns distribuaient à l’atmosphère une tristesse rassurante. Soudain, lorsqu’elle se remémora l’image de son esprit disparu, elle sourit. La simple évocation de cette relique perdue donnait à son âme des empreintes sans pareilles. Elle préférait encore l’image de l’amour à l’amour et la liberté que son imagination fétichisait en récit lui permettait de toujours ressentir des stigmates différents et profanes. Un cri intériorisé se fit entendre et déchira un silence fictif. Elle jeta dans l’azur blanc des pensées souvenirs. Un aigle, au loin, dessinait de ses ailes des nuages invisibles. – Tout est perdu, se dit-elle. Je ne me suis jamais autant retrouvée -.

Dans l’illusion de son délire, leurs yeux se rencontrèrent enfin. Des histoires infinies s’improvisaient. Des rêves mensongers se superposaient à une réalité imagée. De vastes vestiges de sentiments disparus se concrétisaient. Le délire prit fin avec l’orage. La pluie atrophia sa mélancolie et désorganisa ses errances. Lorsqu’elle sonda son cœur une dernière fois elle ne trouva que lui. L’objet de son chagrin avait déjà quitté le monde et la vie depuis longtemps pourtant. S’approchant de la mare elle regarda une dernière fois son ombre, dans l’eau, et à son tour elle disparut.

Second récit
Le deuxième tableau est à l’intérieur d’une petite maison de campagne, aux multiples bibelots posés sur des tapis démodés appartenant à « une vieille fille » – comme on dit cruellement – et où le temps donne ici l’impression de ne jamais avoir existé, tant les journées se ressemblent toutes.
Cette dame, n’a que pour seule compagnie un petit canari jaune, aphone, qui dans son mutisme la prive de l’écho mélodieux tant désiré par ces geôliers « amis des bêtes », craignant la solitude, et les grillageant à perpétuité. Sur la petite table de sa cuisine une rose séchée et poussiéreuse, esseulée dans un soliflore dépoli, incarne la seule relique sentimentale d’un moment de son passé : celui de ce jour où un jeune homme la lui a offert, symboliquement, l’ayant prise de pitié, et jouant avec un cœur décidément destiné à ne jamais connaître les plaisirs onctueux de l’amour véritable.
Probablement l’une des plus belles roses reconstituées, L’ombre dans l’eau convoque dés l’ouverture, le bourgeon de cassis à l’odeur puissamment soufrée, de fruits rouges aux accents vinés, et le galbanum qui vient renforcer la facette verte, aqueuse, et annonce la rose qui arrive délicatement, délaissant son côté « diva superstar » présent dans de trop nombreux parfums, pour laisser place à plus de naturalité, à plus de simplicité, comme si nous sentions à la fois une rose embuée dans un jardin ombragé en fin de printemps, mais aussi, par moment, une rose séchée, poussiéreuse, aux odeurs tombantes comme chez le fleuriste, dans une impression bigrement baroque. Le parfum finit par se chyprer tout en douceur dans un paysage de sous-bois étonnement vert brun.
Composition contradictoire

L’Ombre dans l’eau, sorti en 1983 du nez de Serge Kalouguine en eau de toilette (la plus intéressante, selon moi) puis en 2012 en eau de parfum, est un tableau bucolique à la fois fruité et rosé qui m’apparait en deux versions contradictoires selon le moment où je le porte.
Premier récit
Parfum narratif, voici le premier tableau vécu, en extérieur, dans une ambiance humide et froide :
Une cloche tinta timidement dans le paysage brumeux. Un parterre de feuilles pourpres jalonnait annuellement les routes durant l’arrière saison. Les charmes et les saules étaient nus et las. De verts et froids embruns distribuaient à l’atmosphère une tristesse rassurante. Soudain, lorsqu’elle se remémora l’image de son esprit disparu, elle sourit. La simple évocation de cette relique perdue donnait à son âme des empreintes sans pareilles. Elle préférait encore l’image de l’amour à l’amour et la liberté que son imagination fétichisait en récit lui permettait de toujours ressentir des stigmates différents et profanes. Un cri intériorisé se fit entendre et déchira un silence fictif. Elle jeta dans l’azur blanc des pensées souvenirs. Un aigle, au loin, dessinait de ses ailes des nuages invisibles. – Tout est perdu, se dit-elle. Je ne me suis jamais autant retrouvée -.
Dans l’illusion de son délire, leurs yeux se rencontrèrent enfin. Des histoires infinies s’improvisaient. Des rêves mensongers se superposaient à une réalité imagée. De vastes vestiges de sentiments disparus se concrétisaient. Le délire prit fin avec l’orage. La pluie atrophia sa mélancolie et désorganisa ses errances. Lorsqu’elle sonda son cœur une dernière fois elle ne trouva que lui. L’objet de son chagrin avait déjà quitté le monde et la vie depuis longtemps pourtant. S’approchant de la mare elle regarda une dernière fois son ombre, dans l’eau, et à son tour elle disparut.
Second récit

Le deuxième tableau est à l’intérieur d’une petite maison de campagne, aux multiples bibelots posés sur des tapis démodés appartenant à « une vieille fille » – comme on dit cruellement – et où le temps donne ici l’impression de ne jamais avoir existé, tant les journées se ressemblent toutes.
Cette dame, n’a que pour seule compagnie un petit canari jaune, aphone, qui dans son mutisme la prive de l’écho mélodieux tant désiré par ces geôliers « amis des bêtes », craignant la solitude, et les grillageant à perpétuité. Sur la petite table de sa cuisine une rose séchée et poussiéreuse, esseulée dans un soliflore dépoli, incarne la seule relique sentimentale d’un moment de son passé : celui de ce jour où un jeune homme la lui a offert, symboliquement, l’ayant prise de pitié, et jouant avec un cœur décidément destiné à ne jamais connaître les plaisirs onctueux de l’amour véritable.
Probablement l’une des plus belles roses reconstituées, L’ombre dans l’eau convoque dés l’ouverture, le bourgeon de cassis à l’odeur puissamment soufrée, de fruits rouges aux accents vinés, et le galbanum qui vient renforcer la facette verte, aqueuse, et annonce la rose qui arrive délicatement, délaissant son côté « diva superstar » présent dans de trop nombreux parfums, pour laisser place à plus de naturalité, à plus de simplicité, comme si nous sentions à la fois une rose embuée dans un jardin ombragé en fin de printemps, mais aussi, par moment, une rose séchée, poussiéreuse, aux odeurs tombantes comme chez le fleuriste, dans une impression bigrement baroque. Le parfum finit par se chyprer tout en douceur dans un paysage de sous-bois étonnement vert brun.
Notre avis sur L’ombre dans l’eau de Diptyque
Quarante ans sont passés et L’Ombre dans l’eau demeure toujours une référence dans le style. À la fois modeste dans son exécution et ambitieuse dans son discours, la rose n’aura jamais été aussi authentique et fidèle au parfum de la fleur, à son identité olfactive. À la différence de la matière première (huile essentielle ou absolue) ou aux reconstitutions contemporaines trop ornementées de joyaux tape-à-l’œil, qui s’éloignent nettement de l’essence agreste, bucolique, délivrée par la reine des reines encore enracinée à sa terre natale.
L’ombre dans l’eau existe en deux formats, dans sa concentration en Eau de Toilette :
– 50ml/98€
– 100ml/138€
et en Eau de Parfum en un seul format de 75ml à 160€.



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Fun
Auteur / Animateur
Sentir sérieusement sans jamais se prendre au sérieux ; chez lui, la pulsion automatique de mettre des mots sur ses sensations lui donnera toujours des histoires à se raconter, à nous raconter.
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