Parfum et logiciel occidental
Entre monologue colonial et appropriation culturelle
Lorsqu’on parle de Oud on comprend vite le formatage qu’ont subi les perfumistas, il y a un logiciel très rigide dans le monde du parfum. Il y a non seulement un racisme systémique qui suit celui ancré en Occident, mais les discours ne laissent place à aucune autre vision, n’autorisant à s’exprimer que les voix qui se conforment.
Saison 6 – Épisode 19
Écouter le podcast sur le logiciel occidental de la parfumerie :
Parfum et logiciel occidental
Une présentation réfractaire : Le Zen (qui porte Coromandel de Chanel Exclusifs) et L’Ancien (qui ne veut pas révéler ce qu’il porte).
Par L’Ancien.

L’amère réalité du monde du parfum
Lorsqu’on a débarqué dans l’univers de la parfumerie, on a vite compris qu’on n’était pas les bienvenus. Les discours policés du milieu nous avaient même servis d’avertissement : ici on ne parle pas français, on parle « élite » ! Lorsqu’on se met donc à fréquenter cette frange du monde si supérieure, on est vite catalogué si les codes en vigueurs ne sont pas visibles.
Le milieu « pro » de la parfumerie est sclérosé par ce logiciel. Un formatage qui ne laisse aucune place à la diversité, surtout si c’est pour nager à contre-courant, forcément.
Donnez de la force à vos gars ! Il nous a fallu 2 ristrettos fulgurants pour préparer cet épisode !
Ce Oud qui ne respecte rien
Si le racisme latent des pros est un sujet qui coule de source, les passionnés de parfum, ce qui pourrait surprendre, ne sont pas épargnés par les effets de ce colonialisme olfactif. Les amateurs de Oud peuvent en témoigner, ils sont mis sur la touche par ceux qui obéissent à une vision classique de la parfumerie. C’est une réelle qualité que d’inscrire sa critique dans le prisme de la culture parfum, celle des grands, des chefs-d’œuvre qui ont marqué l’histoire de l’Art. Le hic, c’est qu’il existe d’autres parfumeries, d’autres manières de voir l’odeur, d’autres appréciations de l’esthétique, de l’esthétisme, du beau, du classe, du grand. Il faut donc parfois mettre ses connaissances et sa vision du parfum, de l’Art, entre parenthèses.
Si ces perfumistas n’arrivent pas à comprendre que d’autres cultures existent même dans le cadre du parfum, c’est parce qu’ils sont autant formatés que leurs pairs du monde professionnel. Nous, amateurs de Oud, aimons la matière avant tout. Il existe une façon de faire depuis des siècles qui ne coche pas les mêmes cases que ce qu’on apprécie techniquement dans la parfumerie occidentale. On aime la texture, l’épaisseur, la superposition, très loin de la transparence et de la finesse de certains très grands parfums composés en Europe.

Un format qui fait la loi
Ce qui est étonnant, c’est que cette parfumerie moderne est arrivée combien de siècle après celle du Moyen-Orient ? Celle-là même qui s’évertue à en reprendre les codes pour en faire des récits vendeurs, pour faire rêver ses clients, en prenant soin de garder la parole. Car le vrai problème se trouve à cet endroit précis : L’occident veut garder la parole, l’industrie veut dicter son Histoire.
En imposant ses codes, elle reprend à son compte la norme. On a donc affaire à chaque fois à un monologue au nom des « autres ». Pour rester dans le Oud, Les Éditions de Parfums Frédéric Malle applique la règle avec sa collection des Desert Gems : des noms de Sourates du Coran comme الليل (The Night), الفجر (Dawn) ou encore القمر (The Moon), même الوعد (Promise) tape dans ce registre islamique. Chaque titre est écrit en Arabe avec une typologie coranique, un choix commercial malin dans tous les cas, mais qui n’a jamais l’intelligence de donner la parole à ces Arabes ou musulmans visés, utilisés par le récit.
Lorsque les autres s’expriment
C’est lorsque l’industrie de la musique a fini par accepter la parole de l’autre qu’elle a pu appréhender le futur. L’expérience 1+1 de Firmenich et Nez la Revue avec Aissa Maïga et Dora Baghriche montre ce chemin.
Ansongo !
La réalisatrice / actrice Sénégalaise et la parfumeuse Algérienne ont eu carte blanche pour ce projet Ansongo, et c’est tout naturellement que leurs vécus se sont exprimés. Le résultat est bluffant puisque leur apport à la parfumerie a été unique : un parfum autour du fruit de Doum qui pousse dans les zones désertiques, une odeur inconnue en Occident. Au lieu de faire semblant comme 99% des marques, on a laissé s’exprimer les gens concernés et nous offrir ce qu’on n’aurait jamais pu inventer nous-mêmes !
Un ton en marge
Si on ne peut jamais faire l’unanimité, La Parfumerie Podcast ne s’adresse pas moins à la majorité. Lorsque des propriétaires de parfumeries parisiennes nous traitent de connards parce qu’on dit ce qu’on pense, c’est surtout parce qu’ils n’ont pas l’habitude d’être critiqués. Dans cet horizon où tout le monde se roule des pelles la main dans les cheveux alors que les cœurs sont rongés par la jalousie et la haine de l’autre, dire ce que tout le monde pense tout bas peut choquer.
Le petit monde « beau-gosse » de la parfumerie a l’habitude d’être carressé dans le sens du poil, les critiques sont pour la plupart des influenceurs qui ne font que relayer le script des maisons. Le champ lexical utilisé pour l’occasion doit répondre au logiciel général, on ne pas être !

Demain…
Cette critique non-alignée qu’on produit à chaque article et épisode se répètera et se déclinera à l’infini. De même, ces « autres » mis au banc de la race humaine par les péteux de l’industrie viendront les remplacer un à un, comme dans tous les domaines qui n’ont pas voulu vivre avec leur époque pour garder les privilèges d’une minorité. La masse, le Monde, l’Homme, c’est nous. Vous disparaitrez, emportés par ceux que vous avez voulu invisibiliser. Les dinosaures étaient plus résistants que vous, je ne donne pas cher de votre peau…
Ce Oud qui ne respecte rien
Si le racisme latent des pros est un sujet qui coule de source, les passionnés de parfum, ce qui pourrait surprendre, ne sont pas épargnés par les effets de ce colonialisme olfactif. Les amateurs de Oud peuvent en témoigner, ils sont mis sur la touche par ceux qui obéissent à une vision classique de la parfumerie. C’est une réelle qualité que d’inscrire sa critique dans le prisme de la culture parfum, celle des grands, des chefs-d’œuvre qui ont marqué l’histoire de l’Art. Le hic, c’est qu’il existe d’autres parfumeries, d’autres manières de voir l’odeur, d’autres appréciations de l’esthétique, de l’esthétisme, du beau, du classe, du grand. Il faut donc parfois mettre ses connaissances et sa vision du parfum, de l’Art, entre parenthèses.
Si ces perfumistas n’arrivent pas à comprendre que d’autres cultures existent même dans le cadre du parfum, c’est parce qu’ils sont autant formatés que leurs pairs du monde professionnel. Nous, amateurs de Oud, aimons la matière avant tout. Il existe une façon de faire depuis des siècles qui ne coche pas les mêmes cases que ce qu’on apprécie techniquement dans la parfumerie occidentale. On aime la texture, l’épaisseur, la superposition, très loin de la transparence et de la finesse de certains très grands parfums composés en Europe.

Un format qui fait la loi
Ce qui est étonnant, c’est que cette parfumerie moderne est arrivée combien de siècle après celle du Moyen-Orient ? Celle-là même qui s’évertue à en reprendre les codes pour en faire des récits vendeurs, pour faire rêver ses clients, en prenant soin de garder la parole. Car le vrai problème se trouve à cet endroit précis : L’occident veut garder la parole, l’industrie veut dicter son Histoire.
En imposant ses codes, elle reprend à son compte la norme. On a donc affaire à chaque fois à un monologue au nom des « autres ». Pour rester dans le Oud, Les Éditions de Parfums Frédéric Malle applique la règle avec sa collection des Desert Gems : des noms de Sourates du Coran comme الليل (The Night), الفجر (Dawn) ou encore القمر (The Moon), même الوعد (Promise) tape dans ce registre islamique. Chaque titre est écrit en Arabe avec une typologie coranique, un choix commercial malin dans tous les cas, mais qui n’a jamais l’intelligence de donner la parole à ces Arabes ou musulmans visés, utilisés par le récit.
Lorsque les autres s’expriment
C’est lorsque l’industrie de la musique a fini par accepter la parole de l’autre qu’elle a pu appréhender le futur. L’expérience 1+1 de Firmenich et Nez la Revue avec Aissa Maïga et Dora Baghriche montre ce chemin.
Ansongo !
La réalisatrice / actrice Sénégalaise et la parfumeuse Algérienne ont eu carte blanche pour ce projet Ansongo, et c’est tout naturellement que leurs vécus se sont exprimés. Le résultat est bluffant puisque leur apport à la parfumerie a été unique : un parfum autour du fruit de Doum qui pousse dans les zones désertiques, une odeur inconnue en Occident. Au lieu de faire semblant comme 99% des marques, on a laissé s’exprimer les gens concernés et nous offrir ce qu’on n’aurait jamais pu inventer nous-mêmes !

Un ton en marge
Si on ne peut jamais faire l’unanimité, La Parfumerie Podcast ne s’adresse pas moins à la majorité. Lorsque des propriétaires de parfumeries parisiennes nous traitent de connards parce qu’on dit ce qu’on pense, c’est surtout parce qu’ils n’ont pas l’habitude d’être critiqués. Dans cet horizon où tout le monde se roule des pelles la main dans les cheveux alors que les cœurs sont rongés par la jalousie et la haine de l’autre, dire ce que tout le monde pense tout bas peut choquer.
Le petit monde « beau-gosse » de la parfumerie a l’habitude d’être carressé dans le sens du poil, les critiques sont pour la plupart des influenceurs qui ne font que relayer le script des maisons. Le champ lexical utilisé pour l’occasion doit répondre au logiciel général, on ne pas être !
Demain…
Cette critique non-alignée qu’on produit à chaque article et épisode se répètera et se déclinera à l’infini. De même, ces « autres » mis au banc de la race humaine par les péteux de l’industrie viendront les remplacer un à un, comme dans tous les domaines qui n’ont pas voulu vivre avec leur époque pour garder les privilèges d’une minorité. La masse, le Monde, l’Homme, c’est nous. Vous disparaitrez, emportés par ceux que vous avez voulu invisibiliser. Les dinosaures étaient plus résistants que vous, je ne donne pas cher de votre peau…
Et vous, comment vous ressentez ce logiciel Occidental dans le monde du parfum ?
Faites profiter le lecteur de votre expérience, lâchez un commentaire !
1 Commentaire
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L’auteur :

L’Ancien
Auteur / Animateur
Il est la voix lugubre de ce podcast, grande gueule qui aime à secouer l’industrie du parfum. Sur ces notes trempées à l’encre noire, on peut distinguer des listes de victimes enterrées de Paris à Oman. L’Ancien est celui que tu aimes détester, c’est cette note de cœur qui te dérange mais qui rend la composition si singulière.
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Bonjour l’équipe,
J’ai récemment lu vos critiques sur Matière Première, et je partage complètement votre avis.
J’avais d’ailleurs déjà remarqué moi aussi que, malgré la qualité apparente des matières, l’ensemble reste assez creux, sans réelle densité, hormis les bois ambrés qui donnent une illusion de puissance.
Ma question est la suivante : je suppose que Nasomatto et Orto Parisi utilisent eux aussi beaucoup de bois ambrés et de javanol, pourtant je ne ressens pas du tout le même effet.
Et pourtant, ce sont des parfums très synthétiques. Pourquoi cette différence ? Chez Mancera, Crivelli ou Matière Première, cette dimension “faussement puissante” tombe complètement à plat.