Ils parlent entre eux
Communication / Marketing
Dans le crash que représente la parfumerie de niche en 2025, les erreurs de communication et marketing des marques sont légions. Nombres d’entre elles cherchent une validation de professionnels plutôt qu’orienter leur discours et leur langage en fonction de leurs clients potentiels.
Saison 6 – Épisode 10
Écouter le podcast sur cette niche qui oublie son public :
Ils parlent entre eux
Une présentation sourde : Le Zen (en Bois d’Argent de Christian Dior) et L’Ancien (qui porte L’Heure Folle de Cartier) évoquent un problème récurrent de communication : ces marques qui ne s’adressent pas à leurs publics.
Par L’Ancien.
L’entre-soi
S’il y a bien un souci dans l’industrie du parfum, ce sont ces codes intrinsèques à respecter obligatoirement pour faire partie du club. Alors que dans la musique ou tout autre art on cherche à être soi-même et dépasser l’autre, la parfumerie fait croire qu’il y a des cases à cocher, des morceaux de textes à coller dans son storytelling, des modèles de photographies à ne pas omettre pour réussir. Bien plus, lorsque de jeunes maisons se lancent dans le panorama de la parfumerie de niche, elles cherchent systématiquement le regard des autres pour être bien sûres qu’elles sont sur la bonne voie.
Cet entre-soi nauséabond, nous en avons parlé il y a un bon moment, il pollue la créativité, et seuls ceux qui s’en affranchissent s’imposent sur le marché à long terme. Les contes et légendes grassois ne mènent absolument nul part, et si les grandes marques en parlent c’est parce qu’elles l’ont toujours fait, c’est leur identité.

Faire du parfum pour les parfumeurs ?
En faisant cette erreur, on se retrouve à produire pour l’usine… Je lance une production de yaourts bien dans les clous, puis je les vends aux employés sur place, l’idée du siècle ! Plus sérieusement, s’adresser aux pros du secteur ne mène nul part et c’est se tirer une balle dans le pied. Des roses centifolia, les gars en ont senties sept cent mille, même si c’est sympas, ils s’en battent les couilles clairement. Ils jetteront un « ah oui, superbe » ! Puis ils copie-colleront la séquence avec le stand d’à côté dans le salon.
Donnez de la force à vos gars ! Il nous a fallu 1 bon kg de café arabica moulu pour préparer cet épisode !

La blancheur autiste du salon Esxence à Milan…
Les salons, parlons-en (bordel de merde) !
Comme indiqué en début d’épisode, nous tenons à différencier le salon Paris Perfume Week et les autres. Si ça reste un lieu plébiscité par les marques dans le même but que les autres lieux dédiés du monde, le rendez-vous parisien propose une vraie expérience pour le public, culturelle, scientifique, autour de l’olfaction. Les autres Esxence de Milan ou le Beautyworld Middle East de Dubaï, pour ne citer qu’eux, sont des hauts lieux de la branlette où cet entre-soi ne sert qu’à se rassurer.
Même si les marques y trouveront leur compte dans tout ce qu’elles recherchent comme bons plans pros, le sujet ici est cette problématique de validation. C’est l’échantillon parfait pour prouver ce que l’on dit ici. Le client lambda, celui visé par nos divers marketing, ne s’y trouve jamais. Excepté deux-trois passionnés, des critiques venus au bon endroit pour se mettre à jour sur les sorties, l’acheteur est absent !
Blanchitude et différences criantes
Il n’y a qu’à ouvrir les yeux et voir à quel point le public de ces espaces dédiés à la perte de temps n’a rien à voir avec celui qui arpente les parfumeries en ville. Du blanc, en voici, en voilà, qui ne ressemble qu’au client qu’on s’imagine en écrivant nos storytelling photocopiés. Pourtant, celui que l’on cherche majoritairement en payant nos social managers est très différent.
Le feed back, le vrai
Les réseaux sociaux qui dominent l’expérience client et la communication en notre ère sont le meilleur retour possible sur nos produits. Parler franchement avec un acheteur, avec quelqu’un qui a vécu un moment en boutique avec la marque, récolter les premières impressions liées à la réception d’un échantillon, rien de mieux pour voir où l’on a mis les pieds. On a peut-être créer une belle rose, mais qu’en pense finalement notre fan base une fois noyée dans le mix storytelling-packaging ? Ça n’est pas le collègue du stand n°B-124 qui nous en fera part (qu’il aille d’ailleurs se faire foutre!).
Même si chaque être humain a un sosie (qu’ils disent…), chacun d’entre-eux est unique à 100%. Lorsque ces âmes racontent leurs histoires elles ne peuvent être qu’originales. En communiquant sur ces discours, on trouve systématiquement ceux à qui on ressemble, ceux que ça touche, ceux donc qui sont prêts à faire partie de l’aventure. Être soi-même est une nécessité absolue pour perdurer dans le game, pour se différencier. Il faut donc non seulement avoir des parfums qui ont une particularité, mais il faut que le tout soit emballé dans une histoire qui soit unique. Pourquoi donc adhérer à un storytelling luxe stérile, alors que Dior y est invaincu depuis toujours ?

Les salons, parlons-en (bordel de merde) !

La blancheur autiste du salon Esxence à Milan…
Comme indiqué en début d’épisode, nous tenons à différencier le salon Paris Perfume Week et les autres. Si ça reste un lieu plébiscité par les marques dans le même but que les autres lieux dédiés du monde, le rendez-vous parisien propose une vraie expérience pour le public, culturelle, scientifique, autour de l’olfaction. Les autres Esxence de Milan ou le Beautyworld Middle East de Dubaï, pour ne citer qu’eux, sont des hauts lieux de la branlette où cet entre-soi ne sert qu’à se rassurer.
Même si les marques y trouveront leur compte dans tout ce qu’elles recherchent comme bons plans pros, le sujet ici est cette problématique de validation. C’est l’échantillon parfait pour prouver ce que l’on dit ici. Le client lambda, celui visé par nos divers marketing, ne s’y trouve jamais. Excepté deux-trois passionnés, des critiques venus au bon endroit pour se mettre à jour sur les sorties, l’acheteur est absent !
Blanchitude et différences criantes
Il n’y a qu’à ouvrir les yeux et voir à quel point le public de ces espaces dédiés à la perte de temps n’a rien à voir avec celui qui arpente les parfumeries en ville. Du blanc, en voici, en voilà, qui ne ressemble qu’au client qu’on s’imagine en écrivant nos storytelling photocopiés. Pourtant, celui que l’on cherche majoritairement en payant nos social managers est très différent.
Le feed back, le vrai
Les réseaux sociaux qui dominent l’expérience client et la communication en notre ère sont le meilleur retour possible sur nos produits. Parler franchement avec un acheteur, avec quelqu’un qui a vécu un moment en boutique avec la marque, récolter les premières impressions liées à la réception d’un échantillon, rien de mieux pour voir où l’on a mis les pieds. On a peut-être créer une belle rose, mais qu’en pense finalement notre fan base une fois noyée dans le mix storytelling-packaging ? Ça n’est pas le collègue du stand n°B-124 qui nous en fera part (qu’il aille d’ailleurs se faire foutre!).

Même si chaque être humain a un sosie (qu’ils disent…), chacun d’entre-eux est unique à 100%. Lorsque ces âmes racontent leurs histoires elles ne peuvent être qu’originales. En communiquant sur ces discours, on trouve systématiquement ceux à qui on ressemble, ceux que ça touche, ceux donc qui sont prêts à faire partie de l’aventure. Être soi-même est une nécessité absolue pour perdurer dans le game, pour se différencier. Il faut donc non seulement avoir des parfums qui ont une particularité, mais il faut que le tout soit emballé dans une histoire qui soit unique. Pourquoi donc adhérer à un storytelling luxe stérile, alors que Dior y est invaincu depuis toujours ?
Et vous, que pensez-vous de ce problème de communication des marques ?
Faites profiter le lecteur de votre expérience, lâchez un commentaire !
L’auteur :

L’Ancien
Auteur / Animateur
Il est la voix lugubre de ce podcast, grande gueule qui aime à secouer l’industrie du parfum. Sur ces notes trempées à l’encre noire, on peut distinguer des listes de victimes enterrées de Paris à Oman. L’Ancien est celui que tu aimes détester, c’est cette note de cœur qui te dérange mais qui rend la composition si singulière.
La Parfumerie, La Saison 6 du Podcast Parfum
Tous les épisodes :
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