Un mot sur la concentration du parfum

Eau de Toilette, Eau de Parfum ou Extrait, c’est quoi la diff’ ?

La sortie de 3 Extraits de parfum chez Une Nuit Nomade a provoqué quelques réactions chez les perfumistas, certains ont été déçus de ce choix, on revient dessus pour déblayer un peu tout ça. La douille n’est pas toujours aussi évidente qu’on le pense.

Saison 6 – Épisode 2

Écouter le podcast sur la concentration parfum :

Un mot sur la concentration

par La Parfumerie Podcast | Saison 6

Une présentation huileuse : L’Ancien (en Jammin’ de Reminiscence) et Le Zen (en Ruade de Parfum d’Empire) débattent un brin sur la notion de concentration en parfumerie.

Par L’Ancien.

De l’Eau de Toilette à l’Extrait

La parfumerie est une belle aventure commerciale et il y a forcément des tendances en matière de création. Il y a aussi une espèce de flot à suivre commercialement, pour ceux qui veulent bien, avec donc des choix tactiques. Les anciens de notre acabit ont connu les sorties parfum en mode Eau de Toilette, puis Eau de Parfum, puis au sommet du luxe en Extrait de Parfum. De nos jours on voit souvent l’Eau de Parfum sortir en premier, puis une batterie de flankers sous diverses appellation du type « Intense », « Elixir », etc.

Dans les faits, ces étiquettes collées derrière les titres de nos parfums servent aujourd’hui de repères publics. Le peuple a assimilé que l’Eau de Toilette est légère, que l’Eau de Parfum tient plus et donc est plus puissante, et l’Extrait est toujours une version luxe, très concentrée.

Cette histoire de concentration…

Il fallait donc démêler tout ça pour rétablir la vérité, on est bien loin des discours de marques ou de vendeurs, en réalité. Car s’il y a bien des différences entre les appellations, il ne s’agit pas du tout, ou du moins rarement, du fait de la concentration. Ce podcast n’est pas spécialement une réponse aux critiques sur Une Nuit Nomade, on va parler clairement.

Concentration Parfum : qu'est ce qu'une Eau de Toilette, une Eau de Parfum ou un Extrait ?

Donnez de la force à vos gars ! Il nous a fallu 4 espressos pour préparer cet épisode !

Concentrations parfums, l'exemple de J'adore de Dior...

La concentration c’est quoi ?

La concentration d’un parfum est très simple à comprendre. Il s’agit du pourcentage de concentré de parfum, sous forme d’huile, dans un alcool coupé à l’eau déminéralisée. Cette huile est produite par un laboratoire qui se base sur la formule du parfumeur, c’est donc le parfum en lui-même qu’on va diluer. Rien de plus.

Là où les marques blablatent, c’est que ces appellations que sont les EdT, EdP ou Extrait n’ont aucune réglementation pour les encadrer. Donc grossièrement, rien n’empêche une Eau de Toilette d’être à 15% ou un Extrait d’être concentré à 5%. Et c’est précisément ce qui pousse les marques à inventer des termes comme « Souffle de Parfum » ou « Voile de Parfum », etc.

Un repère public

Ceci dit, le public s’est habitué à cette terminologie et c’est important de comprendre qu’elle a aujourd’hui un sens olfactif. En voyant écrit Eau de Toilette, le client sait globalement à quoi s’attendre en matière de puissance ou de tenue. Donc même s’il est mensonger de parler de manière évidente de concentration, une identité existe et même discutée comme telle en milieu professionnel. Il n’est pas fou de demander la composition d’un Extrait à un parfumeur.

Le coût de l’Extrait

Là où les perfumistas parlent de banane c’est évidemment en matière de tarif. Les prix des Extraits, même si tout a bien baissé par rapport à notre ancienne époque, en valeur du moins, ne sont jamais justifiés. On surfe sur la douille du discours luxe, on présente mieux le produit, en mode premium, puis on y flanque un taro vénère : 350 balles, hop !

On a bien compris à travers nos podcast que le jus est bien loin d’être ce qui coûte le plus cher dans la production d’un parfum. Et même 200€ de plus sur le prix du kilo de concentré ne changera pas grand chose à l’arrivée. La flûte jouée dans les storytelling n’est en rien réelle. Un Extrait ça ne coûte pas si cher finalement.

De l’Extrait à l’Huile

Un exemple de la banane dorée c’est (une fois n’est pas coutume) Dior. Ces Elixirs Précieux aux prix vertigineux incarnent le sommet du foutage de gueule. Et d’ailleurs, cette petite chansonnette mytho répond à Profumum Roma et ces parfums concentrés à 30%. Ça chante qu’on frôle les limites de la législation en matière de concentration, pourtant Dior sort des huiles….. donc du 100%, allez flûter ailleurs ! On pourrait aussi dire à Amouage que leurs 43% ne sont pas un gage de qualité, du tout !

Concentration parfum 100% : Elixir Précieux de Dior
Les concentrations de parfum de Libre d'Yves Saint Laurent

L’identité qui s’est installée

Au final, à travers le temps, une Eau de Toilette s’est définie par un ADN bien loin de sa concentration réelle. Elle évoque généralement quelque chose de léger, et on mettra en avant des Aldéhydes explosives, un jus très vif. De son côté, l’Eau de Parfum reprend généralement l’accord principal du parfum, ce qui donne cette impression d’être plus puissant. Quant à l’Extrait, il sublimera les matières naturelles, et c’est ça qui donnera cette impression d’épaisseur et de force.

Si une note de Styrax est très puissante, peut-on la rendre hurlante dans une compo ? Non, bien-sûr. Et d’ailleurs s’ajoutera souvent un maximum imposé par les normes de l’IFRA, rendant encore plus compliqué cette histoire d’augmentation toute bête de la concentration. La concentration d’un parfum se définira donc par les notes que la formule impose. Un léger parfum sur une thématique Iris sera poussé plus haut en pourcentage qu’un Ambré vanillé déjà puissant en lui-même.

Faire abstraction des appellations

Ces étiquettes qu’on a donc apposées gentiment sur ces formules doivent être considérées comme de simple déclinaisons.

Car un Extrait n’est autre que le Flanker d’une version précédente, de même qu’un Elixir, qu’une Eau fraîche qu’une version Intense, etc.

C’est un nouveau parfum, même si la thématique nous était déjà connue. L’Extrait proposé pour Jardin de Misfah d’Une Nuit Nomade est à considérer comme tel. Rien de plus, rien de moins. Un parfumeur a bossé dessus comme pour renouveler le jus, comme un François Demachy qui propose une Eau Sauvage de Dior 50 ans après l’originale. On observe la demande de la marque, ce qu’elle veut de cette version, puis on bosse !

Hurlements !

En réalité, les productions des Extraits ont augmenté et ont touché petit à petit la parfumerie de niche à force de voir les parfums devenir hurlants, chargés de bois ambrés dégueulasses. On a vu apparaître dans la rue des versions « luxes » distribuées à moindre coût, suggérents que le jus va « cogner sa mère ».

« ben oui frérot, c’est de l’Extrait« 

On capte avec ce genre de discours qu’on est pas au rayon fillette. On estampille volontairement l’appellation pour que le message passe, on valide cognitivement la supériorité du jus avec un prix élevé, le tour est joué. Passe à la caisse, tout est parfaitement lubrifié.

Oud Maracuja Crivelli
Concentration parfum : Jardin de Misfah d'Une Nuit Nomade est proposé en Extrait.

En fait, la montée des décibels olfactifs a été le tunnel de conversion parfait pour vendre de l’Extrait, belle banane !

On est arrivé à des 500€ calmement, juste avec ces étiquettes mythos, alors qu’on ne vend que de simples déclinaisons.

Les Extraits Une Nuit Nomade

Après ces quelques explications, on se retourne vers cette fameuse sortie des 3 Extraits d’Une Nuit Nomade. Une maison qui a toujours été très honnête dans ses positionnements tarifaires se fout-elle du monde avec des nouveautés à 260€ les 100ml ?

Le 50ml de la marque se vend à 105€. Celui qui achète la version Extrait du Jardin de Misfah paie en réalité 130€ le 50ml… Évidemment, cette contenance n’est pas disponible, mais le ratio nous prouve qu’on n’est pas en train de nous la faire à l’envers. On ajoutera que la proposition offre un nouveau packaging complet, et ça a un coût, forcément. Un flanker donc pour 25 balles de plus, on a déjà payé bien plus il me semble, soyons sérieux.

Revenons à la raison, commercialement déjà. L’Extrait permet de monter les prix c’est vrai, mais il ne s’agit pas d’un vol avec une simple augmentation de concentré qu’on ne retrouverait en aucun cas dans le tarif.

Ce qu’on achète, c’est une nouvelle version. À chacun de voir combien il est prêt à dépenser pour ça. On rêve bien souvent de produit de luxe qui ne nous concernent pas, on peut passer devant sans pester pour autant. Rare sont ceux qui crachent sur les sacs-à-main Chanel, ils regardent, ils rêvent, ils espèrent, ils font des projets, pendant que d’autres paient cash. À chacun sa place… À vrai dire, au-delà de l’aspect olfactif, certains achètent un part de rêve. Si ça leur plait, que peut-on leur dire ?

La concentration c’est quoi ?

Concentrations parfums, l'exemple de J'adore de Dior...

La concentration d’un parfum est très simple à comprendre. Il s’agit du pourcentage de concentré de parfum, sous forme d’huile, dans un alcool coupé à l’eau déminéralisée. Cette huile est produite par un laboratoire qui se base sur la formule du parfumeur, c’est donc le parfum en lui-même qu’on va diluer. Rien de plus.

Là où les marques blablatent, c’est que ces appellations que sont les EdT, EdP ou Extrait n’ont aucune réglementation pour les encadrer. Donc grossièrement, rien n’empêche une Eau de Toilette d’être à 15% ou un Extrait d’être concentré à 5%. Et c’est précisément ce qui pousse les marques à inventer des termes comme « Souffle de Parfum » ou « Voile de Parfum », etc.

Un repère public

Ceci dit, le public s’est habitué à cette terminologie et c’est important de comprendre qu’elle a aujourd’hui un sens olfactif. En voyant écrit Eau de Toilette, le client sait globalement à quoi s’attendre en matière de puissance ou de tenue. Donc même s’il est mensonger de parler de manière évidente de concentration, une identité existe et même discutée comme telle en milieu professionnel. Il n’est pas fou de demander la composition d’un Extrait à un parfumeur.

Le coût de l’Extrait

Concentration parfum 100% : Elixir Précieux de Dior

Là où les perfumistas parlent de banane c’est évidemment en matière de tarif. Les prix des Extraits, même si tout a bien baissé par rapport à notre ancienne époque, en valeur du moins, ne sont jamais justifiés. On surfe sur la douille du discours luxe, on présente mieux le produit, en mode premium, puis on y flanque un taro vénère : 350 balles, hop !

On a bien compris à travers nos podcast que le jus est bien loin d’être ce qui coûte le plus cher dans la production d’un parfum. Et même 200€ de plus sur le prix du kilo de concentré ne changera pas grand chose à l’arrivée. La flûte jouée dans les storytelling n’est en rien réelle. Un Extrait ça ne coûte pas si cher finalement.

De l’Extrait à l’Huile

Un exemple de la banane dorée c’est (une fois n’est pas coutume) Dior. Ces Elixirs Précieux aux prix vertigineux incarnent le sommet du foutage de gueule. Et d’ailleurs, cette petite chansonnette mytho répond à Profumum Roma et ces parfums concentrés à 30%. Ça chante qu’on frôle les limites de la législation en matière de concentration, pourtant Dior sort des huiles….. donc du 100%, allez flûter ailleurs ! On pourrait aussi dire à Amouage que leurs 43% ne sont pas un gage de qualité, du tout !

L’identité qui s’est installée

Les concentrations de parfum de Libre d'Yves Saint Laurent

Au final, à travers le temps, une Eau de Toilette s’est définie par un ADN bien loin de sa concentration réelle. Elle évoque généralement quelque chose de léger, et on mettra en avant des Aldéhydes explosives, un jus très vif. De son côté, l’Eau de Parfum reprend généralement l’accord principal du parfum, ce qui donne cette impression d’être plus puissant. Quant à l’Extrait, il sublimera les matières naturelles, et c’est ça qui donnera cette impression d’épaisseur et de force.

Si une note de Styrax est très puissante, peut-on la rendre hurlante dans une compo ? Non, bien-sûr. Et d’ailleurs s’ajoutera souvent un maximum imposé par les normes de l’IFRA, rendant encore plus compliqué cette histoire d’augmentation toute bête de la concentration. La concentration d’un parfum se définira donc par les notes que la formule impose. Un léger parfum sur une thématique Iris sera poussé plus haut en pourcentage qu’un Ambré vanillé déjà puissant en lui-même.

Faire abstraction des appellations

Ces étiquettes qu’on a donc apposées gentiment sur ces formules doivent être considérées comme de simple déclinaisons. Car un Extrait n’est autre que le Flanker d’une version précédente, de même qu’un Elixir, qu’une Eau fraîche qu’une version Intense, etc.

C’est un nouveau parfum, même si la thématique nous était déjà connue. L’Extrait proposé pour Jardin de Misfah d’Une Nuit Nomade est à considérer comme tel. Rien de plus, rien de moins. Un parfumeur a bossé dessus comme pour renouveler le jus, comme un François Demachy qui propose une Eau Sauvage de Dior 50 ans après l’originale. On observe la demande de la marque, ce qu’elle veut de cette version, puis on bosse !

Hurlements !

Oud Maracuja Crivelli

En réalité, les productions des Extraits ont augmenté et ont touché petit à petit la parfumerie de niche à force de voir les parfums devenir hurlants, chargés de bois ambrés dégueulasses. On a vu apparaître dans la rue des versions « luxes » distribuées à moindre coût, suggérents que le jus va « cogner sa mère ».

« ben oui frérot, c’est de l’Extrait« 

On capte avec ce genre de discours qu’on est pas au rayon fillette. On estampille volontairement l’appellation pour que le message passe, on valide cognitivement la supériorité du jus avec un prix élevé, le tour est joué. Passe à la caisse, tout est parfaitement lubrifié.

Et puis les mythos…

Malheureusement certains sont en roues libres et racontent des énormités, on a retrouvé l’anecdote oubliée citée dans le podcast…

En fait, la montée des décibels olfactifs a été le tunnel de conversion parfait pour vendre de l’Extrait, belle banane !

On est arrivé à des 500€ calmement, juste avec ces étiquettes mythos, alors qu’on ne vend que de simples déclinaisons.

Les Extraits Une Nuit Nomade

Concentration parfum : Jardin de Misfah d'Une Nuit Nomade est proposé en Extrait.

Après ces quelques explications, on se retourne vers cette fameuse sortie des 3 Extraits d’Une Nuit Nomade. Une maison qui a toujours été très honnête dans ses positionnements tarifaires se fout-elle du monde avec des nouveautés à 260€ les 100ml ?

Le 50ml de la marque se vend à 105€. Celui qui achète la version Extrait du Jardin de Misfah paie en réalité 130€ le 50ml… Évidemment, cette contenance n’est pas disponible, mais le ratio nous prouve qu’on n’est pas en train de nous la faire à l’envers. On ajoutera que la proposition offre un nouveau packaging complet, et ça a un coût, forcément. Un flanker donc pour 25 balles de plus, on a déjà payé bien plus il me semble, soyons sérieux.

Revenons à la raison, commercialement déjà. L’Extrait permet de monter les prix c’est vrai, mais il ne s’agit pas d’un vol avec une simple augmentation de concentré qu’on ne retrouverait en aucun cas dans le tarif.

Ce qu’on achète, c’est une nouvelle version. À chacun de voir combien il est prêt à dépenser pour ça. On rêve bien souvent de produit de luxe qui ne nous concernent pas, on peut passer devant sans pester pour autant. Rare sont ceux qui crachent sur les sacs-à-main Chanel, ils regardent, ils rêvent, ils espèrent, ils font des projets, pendant que d’autres paient cash. À chacun sa place… À vrai dire, au-delà de l’aspect olfactif, certains achètent un part de rêve. Si ça leur plait, que peut-on leur dire ?

Et vous, vous voyez comment ces histoires de concentration parfum ?

Faites profiter le lecteur de votre expérience, lâchez un commentaire !

2 Commentaires

  1. Isabelle

    Je ne peux être que d’accord avec vous sur le fait que les dénominations « EDT, EDT, etc… » ne sont que des appellations commerciales. J’ai même déjà croisé des « extraits de cologne » qui m’ont laissée très perplexe …
    Mais en terme de tenue et de profondeur, ça ne veut rien dire. Pour avoir beaucoup de parfums vintage, je peux dire que bien souvent une version cologne des années 70-80 d’un grand parfum met un gros vent à sa version EDT actuelle.

    Il y a une appellation qui n’est plus utilisée, mais l’a beaucoup été dans le dernier quart du 20e siècle, et pour pas mal de parfums : Parfum de toilette. Je ne sais pas exactement ce que cela signifie, mais ces versions PDT sont souvent très belles, elles me semblent en général plus denses que les versions EDT de la même époque. Si quelqu’un peut m’éclairer …

    Réponse
    • L'Ancien

      C’est un simple choix de dénomination, on joue sur des mots clé, comme de nos jours avec ELixir. Au final ça n’a aucun sens…

      Réponse

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

L’auteur :

L'Ancien, animateur, auteur du podcast Parfum La Parfumerie

L’Ancien

Auteur / Animateur

Il est la voix lugubre de ce podcast, grande gueule qui aime à secouer l’industrie du parfum. Sur ces notes trempées à l’encre noire, on peut distinguer des listes de victimes enterrées de Paris à Oman. L’Ancien est celui que tu aimes détester, c’est cette note de cœur qui te dérange mais qui rend la composition si singulière.

Lire la bio de L’Ancien

La Parfumerie, La Saison 6 du Podcast Parfum

Tous les épisodes :

L’expérience client

L’expérience client

Combien a-t-on acheté de flacons qu’on a fini par mettre de côté ? L’expérience client est extrêmement importante pour bien choisir…