Maurice ?
Un grand parfumeur dans une pièce trop petite
On a bien abimé Maurice Roucel dans notre dernier épisode, avec des barres de rires sur Uncut Gem et les Bois Ambrés. Ceci dit, ce n’est évidemment pas lui seul qu’il faut pointer du doigt.
Donnez de la force à vos gars ! Il a fallu plus de 4 ristretos pour réaliser cette newsletter !
La production à la chaine
Maïté Turonnet, dans notre interview, a plutôt bien défini la niche productive, celle des grands groupes, comme « Niche industrielle ». Les dernières sorties de Serge Lutens ne se comptent même plus, Frédéric Malle qui chie des attrapes-arabes-du-Golfe, et je ne parle même pas des versions luxe des grandes marques comme Tom Ford avec ses 3 cerises et ses 25 soleils… Ce qui est cher rapporte bien plus, surtout en ces jours où l’on débite des parfums à 300€ comme du mainstream.
Derrière tout ça se trouvent des directions artistiques, des équipes marketing et des parfumeurs. Chacun pressant un bouton bien précis, la machine dite « maison de parfum » fonctionne dans une joie artificielle bien ficelée.

Momo
Lorsqu’on s’attaque à Maurice Roucel on n’oublie pas qui il est et ce qu’il sait faire, d’ailleurs j’écris ce texte en portant 24 Faubourg ! Il figure parmi les grands noms du parfum sans aucun doute. Mais c’est justement ce qu’on a du mal à accepter. Un parfumeur de son envergure qui se plie à produire un jus éclaté comme Uncut Gem ?? Pour des passionnés comme nous on est dans le domaine de l’inacceptable.
Mais il faut savoir remettre les choses dans le contexte. Comme on l’a expliqué dans l’épisode sur la déroute de Frédéric Malle, il y a une pression sur ces marques appartenant à des grands groupes. Estée Lauder s’en bat les c*uilles des ventes de Musc Ravageur ou d’Une fleur de Cassie. Il faut du bif !
Momo fait ce qu’on lui commande à la direction, et qu’on oublie les fables d’ « Éditions de parfum » , merci.
L’employé
Le parfumeur pourra être créatif dans un espace qui l’est. Mais le brief c’est le brief. Si je te demande de me produire un bois ambré bien lubrifié, je te fais ton virement et tu me fournis le taf, rien de plus simple.
Maurice Roucel est bien loin d’être le seul à se fourvoyer dans les productions de bas niveau. Ropion est bien plus étoilé en la matière et personne ne discutera sur son niveau de parfumeur. Mais on parle business avant tout, il y a les artistes qui essaieront de sublimer la demande, et il y a les employés qui feront le job à la lettre.
La starification des parfumeurs a finalement un revers. Alors qu’on pouvait faire des grosses merdes derrière son bureau sans être éclaboussé, on a désormais notre nom dans les papiers des critiques, et parfois ça fait mal.
Produire pour produire
Le beau n’a pas sa place partout malheureusement. Les grosses marques ont des comptes à rendre avant tout et elles ont bien souvent produit de quoi nous rendre indulgents. Ce qui nous fait peur en réalité ce que tout s’effondre et reste au niveau pitoyable de ces sorties qui nous rebutent.
Ces maisons qui poussent le bouchon, sous pression, finissent toujours par salir leurs collections au point qu’on les abandonne pour de bon, Tom Ford en est le meilleur exemple.
Mais si ces parfumeurs avaient aussi un peu le sens du respect, pour le public comme pour les jeunes marques dont ils se fichent, on préserverait peut-être un peu mieux ce qu’est le Parfum à l’arrivée. Mais comme je l’ai déjà dit, tout dépend du nombre de zéros sur le chèque.
Toutes les archives de la Newsletter Parfum :
The revolution will not be televised
En 1971, Gil Scott-Heron avait prévenu, la révolution ne sera pas télévisée, n’attendez rien de l’industrie du parfum et de leurs suiveurs…
Parfums à la flotte…
Lorsqu’on parle de cahier des charges on pense aux gros calculs du mainstream, mais la pop niche n’est pas en reste…
Plus ça produit…
On a tendance à penser ces derniers temps que plus l’industrie pousse ses produits, plus c’est de la merde qui sort. Mais n’y a-t-il pas un souffle de vie ?
Le culte de la personnalité
Le temps a permis à l’industrie du parfum de cultiver les personnalités de ses parfumeurs, de surfer sur une popularité naissante, pourquoi pas ?
L’autarcie nécessaire
Lorsqu’on crée, on est ce qu’on appelle communément un artiste, et l’ennemi c’est toujours « l’autre ». Il faut souvent s’isoler pour être soi-même…
Les indés de la farce
Les chiffres des sorties sont chaque année en hausse, on voit l’industrie devenir une robotique à fric, il faut pousser les petites maisons.
La passion vs le business
Vivre sa passion en se lançant dans la parfumerie n’est pas gagné d’avance, il faut savoir faire des maths et observer pour s’en sortir…
La chute vertigineuse de la parfumerie
Quelqu’un peut-il m’expliquer comment on peut avoir un Ambre Fétiche en 2007 et finir avec des Ambre Safrano 15 ans plus tard ?
Les funambules
L’Indépendance qu’on aime en parfumerie n’est pas forcément celle qui fait de l’argent, elle se bat pour vendre sans se vendre.
Le rush de fin d’année
Ça y est c’est décembre, le compte à rebours est lancé et les jours s’égrainent vers le 25. Quelle grosse merde va finir sous le sapin ?
Vous reprendrez bien une banane ?
Pendant que les pétasses des réseaux sociaux veulent nous faire taire, on garde le cap sans baisser notre froc, sans baiser nos followers…
Que peut apporter une nouvelle marque ?
Au regard tout ce qui a été fait et de tout ce qui sort de nos jours, en quoi peut donc innover une jeune maison de parfum ?
Critiquer, c’est l’ouvrir !
On a forcément un peu insisté dans l’épisode d’aujourd’hui, mais la critique est primordiale pour la survie de la parfumerie !
Que reste-t-il de la parfumerie ?
Il suffit de surfer un peu sur les réseaux sociaux pour se poser la question. Sommes-nous arrivés au point de non retour ?
Tous les coups sont permis
Catégories commerciales ou pas, tous les coups sont permis, la dictature des points de vente en est un exemple, il faut vaincre à tout prix !