Qu’est-ce que le luxe ?
Est-ce le produit ou son aura ?
Le passionné de parfum aime le parfum. En cette phrase, pas de grande nouveauté. Ceci dit, on va jeter un œil à la puissance du biais cognitif que provoque la connotation luxe d’un produit.
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Le prix
On en parlait il y a peu, le prix pousse au désir. Non seulement car il confirme la haute valeur du produit dans nos cervelles fatiguées, mais aussi car il rend difficilement accessible ce que l’on désir (par son inaccessibilité, eh oui…). Ce qui est rare est donc un luxe, mais si l’objet est rare et cheap, notre désir disparait.
La hype sur des parfums peu chers est donc très peu fréquente. Pas besoin de les désirer, on a juste à les acheter. On les posera sur notre étagère sans leur donner la moindre importance, à côté d’un parfum cher, un Baccarat Rouge 540 de merde, qu’on protègera de la moindre poussière.
Le prix c’est la valeur du produit, rien de moins. Pourtant, en tant que perfumista, on est censé aller au-delà de tout ça. L’important n’est-il pas dans le flacon ?

Le produit en lui-même ?
C’est à cet endroit précis que ce Baccarat prend du volume et charme le public. Son prix indique qu’il est luxueux, qu’on veut le posséder, il est puissant donc de qualité. Ce jus merdique en a eu plus d’un.
Le passionné qui ne souhaite que se parfumer avec du bon parfum tombe pourtant dans ce piège à chaque fois. Un excellent Roger & Gallet n’est-il pas 100 fois plus qualitatif qu’un Sucre Noir (de merde aussi) signé Arte Profumi ? Pourtant, on s’attardera sur le niche plutôt que celui qu’on trouve en parapharmacie.
C’est grâce à ces biais que les bouffonneries passent les barrières pour toucher le public non-averti. Un Laurent Mazzone, éclaté au sol, fait son billet sur le dos des ignorants. Soit, on le sait, mais restons éveillés.
L’important c’est le parfum, le jus, le liquide. Le reste, on s’en bat joyeusement les testicules ! Quand Floratropia vend des fragrances dans des gourdes, ça ne dénature pas la grandeur du produit.
Posséder la chose ou son aura ?
Le vrai souci, comme toujours, c’est la com’ ! L’aura qui se diffuse d’une référence est quelque chose de voulu. Les parfums les plus attractifs ne sont que le résultat d’un bon travail de marketing. Certains, d’un simple silence, peuvent nous faire aimer le parfum sans l’avoir senti. Bien joué !
C’est cet ensemble de perceptions qu’on achète. Pourtant, on peut nous présenter un testeur à l’achat sur le marché gris, on ne l’acceptera pas aussi facilement qu’un flacon normal. En dehors du cadre légal, le jus est pourtant le même et son prix probablement plus maigre.
Mais certains en veulent plus. La boite, le prix et le sourire d’une vendeuse à croquer. Entendre le bip violeur de la caisse, saluer le vigile avec l’insulte d’un regard dédaigneux et marcher la tête haute jusqu’à la crasseuse station de métro.
Il nous en faut peu, mais il nous en faut.
Toutes les archives de la Newsletter Parfum :
L’histoire, au-delà des mots
Le seul jugement important qu’on porte à un parfum est celui de nos émotions. Cessons de toujours porter les yeux sur la pyramide olfactive.
Le non-sens de l’uniformisation
Alors que la parfumerie mainstream a adopté des parfums de masses, la parfumerie de niche était le garant de nos personnalités…
Le cycle des marques, l’œil des générations
Ceux qui ont connu l’époque du Dior d’Edmond Roudnitska ne peuvent pas voir la marque comme la génération émergente, c’est un cycle…
Sortir de la corruption
Le business nuit-il à la parfumerie ? On peut se poser la question tant les budgets et l’appât du gain font partie des projets parfumés…
Une histoire sous le nez
Les belles histoires racontées dans les descriptifs des pages produits des marques doivent être cohérentes avec le jus, mais rien n’est simple…
Ce p’tit privilège
J’ai cette chance immense de ne pas subir le tapage de la pop niche, je reste loin de la radioactivité, un vrai privilège il faut l’avouer…
Tkt
On prend notre temps pour répondre à certaines critiques, sans rancune bien-sûr puisque les critiques sont toujours constructives.
Entre l’appréciation et l’amour vrai
On est tombé combien de fois sur des parfums qui nous ont surpris en boutique, nous ont fait craquer… pour rien ?
La maladie des nouveautés
Le marché est sans pitié et la pression sur les petites maisons est extrêmement forte. Chaque année voit pousser des nouveautés… Est-ce bien utile ?
Ils sont malades ?
Au vu de l’état général de l’industrie du parfum, qu’est-ce qui peut bien pousser les créatifs à persévérer dans le game ?
La stérilité assassine
Après deux mois couché, un décès à gérer, j’ai pris mon temps pour revenir sur le podcast. Et la merde vendue ne m’a pas aidé…..
Être original, dans les clous ?
Lorsqu’on est censé respecter les codes en vigueur pour s’assurer un minimum d’écho public, peut-on vraiment sortir du lot ?
Une niche peut-elle vraiment être grande ?
Manque d’expérience, manque d’équipe pro, manque de vision, ladite « haute parfumerie » est souvent bien loin du compte…
Classique ?
Le succès ou la longue durée de vie d’un parfum en font-ils un classique ? Les exemples de Bleu ou Le Mâle sont-ils comparables ?
Confier son parfum à quelqu’un d’autre ?
En s’asseyant dans une vraie parfumerie on part à l’aventure. On se laisse emporter vers des senteurs qu’on n’aurait jamais testé seul…