Storytelling, arnaque marketing ou contexte poétique ?
Garder un œil critique sur le storytelling
Cela faisait déjà plusieurs années que La Parfumerie Podcast n’avait pas consacré un épisode entier au storytelling. Aujourd’hui, Arsène avait envie d’en remettre une couche, autant pour dénoncer certains storytelling idiots, créant des biais multiples, que pour s’interroger sur l’intérêt, ou non, de sentir un parfum à l’aveugle.
Saison 7 – Épisode 2
Écouter le podcast de La Parfumerie Podcast sur le Storytelling :
Storytelling et Parfum
Une présentation prenante : Arsène (en Black Pepper de Comme des Garçons), Le Zen (en Musc Tonkin de Parfum d’Empire) et L’Ancien (en Fougère Bengale de Parfum d’Empire).
Par Arsène.
Storytelling : Ici ça biaise !
Le storytelling est évidemment une source de biais quasi infinie. Il y a d’abord le biais de projection, que l’on accepte avec plus ou moins de plaisir, et qui consiste à sentir ce qu’on nous raconte. Difficile de s’en éloigner, du moins au début. Vient ensuite le biais de confirmation, illustré par les débats autour de Musc Tonkin de Parfum d’Empire, que certains perçoivent comme animal et d’autres non, et c’est ok. On retrouve aussi le biais de sophistication, celui d’intimidation, ou encore le biais d’originalité, avec par exemple État Libre d’Orange, que certains considèrent presque comme expérimental à cause du storytelling d’un seul parfum. Autant de filtres qui modifient profondément notre perception du jus.
À déguster comme un Château Margaux ?
Le sniffage à l’aveugle est il vraiment une bonne idée ? Est-ce l’apanage des puristes, pour se montrer loin du petit peuple qui a fait l’erreur d’entre apercevoir une pub, une bribe de storytelling ou alors même… une pyramide olfactive ? Après tout, tout semble logique dans le fait de vouloir se couper du plus de biais possible. Pourtant, autant Le Zen que L’Ancien préfèrent avoir un storytelling accompagnant le produit, souvent après un premier snif mais quand même. Arsène, lui, ressent qu’il manque quelque chose s’il n’y a pas de petites histoires narratives. À l’instar des tableaux, qui voudrait voir une peinture sans connaître son contexte, son auteur, le moment où elle a été peinte ? En soi, une partie du storytelling, non ?
Donnez de la force à vos gars ! Il nous a fallu 3 ristrettos lugubres pour préparer cet épisode !

(Photo : Nong Vang sur Unsplash)
On ne juge pas un parfum uniquement au nez, même si c’est l’élément le plus important. Un storytelling peut magnifier un parfum, soit en justifiant une discrétion comme dans Hiris d’Hermès, soit en créant une expérience plus forte que le simple sensoriel, par une réflexion intellectuelle supplémentaire.
Pas tous nés un stylo à la main
Des storytelling de merde, où chacun se copie sur des rituels ancestraux, on en a assez eu et on n’en veut plus. On sent quand même assez facilement quand le storytelling est décorrélé du parfum et qu’on en écrit un uniquement parce qu’il en faut un, que ça fait beau et que ça fait vendre.
Peu sont aussi doués avec les mots qu’Isabelle Larignon avec Le Flocon, pour se permettre de nous raconter une histoire de A à Z qui nous permettra d’ancrer le storytelling dans le parfum et de ne plus être dissocié. Ici, on pense que des storytelling relativement courts, qui suggèrent plutôt que de dicter, seront plus efficaces qu’un long storytelling sans âme. Avis à chaque petite marque qui se lance, de nous écouter ou non.
Les émotions…
Plus que la manière d’écrire ou de suggérer, c’est bien l’émotion qui doit passer avant tout dans un storytelling. C’est ce qui permet de passer d’un simple discours marketing accompagnant une sortie à une expérience plus complète.

(Photo : Nong Vang sur Unsplash)
Attention toutefois à ce que le storytelling ne devienne pas un poids pour le parfum en parallèle. À force de vouloir coller à une histoire trop précise, trop lourde ou trop conceptuelle, certaines créations se retrouvent enfermées dans leur propre récit. Le parfum doit alors « tenir » son storytelling, lui être fidèle coûte que coûte, quitte à devenir importable ou excessif. Dans ces cas là, ce n’est plus le discours qui sert le jus, mais le jus qui tente de survivre au discours.
Et vous, à quel point vous avez besoin et vous sentez-vous impacté par le Storytelling d’un parfum ?
Faites profiter le lecteur de votre expérience, lâchez un commentaire !
L’auteur :
Arsène
Auteur / Animateur
Étudiant éternel en quête d’un avenir, radieux ou non, il cherche avant tout à sentir bon. Il prend le parfum comme un art et se balade comme s’il avait un Picasso dans le dos.
La Parfumerie, La Saison 7 de votre Podcast Parfum
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