Prendre des risques
Ce qui a marqué les générations
À l’heure ou la Niche se calque sur le comportement de la parfumerie mainstream en voulant ratisser le plus large possible, il est bon d’observer quelques gros cartons de l’industrie pour comprendre les échecs à venir.
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Vouloir toucher tout le monde
L’unanimité n’existe pas en matière de goûts. Chacun aime ou déteste à sa manière et le parfum est quelque chose qui ne coupe pas à la règle. L’une des erreurs actuelles de la parfumerie de Niche est de vouloir produire des soupes populaires pour toucher le plus de monde possible. On le rappelle, chaque marque de Niche rêve d’être un cador du Mainstream. Pourquoi donc ne pas faire pareil ?
La différence qui saute aux yeux évidemment, c’est le réseau de distribution. Dior est distribué partout dans le monde, dans des boutiques de luxe, des Sephora, etc. L’enseigne de Niche qui fait des lancements à 5000 exemplaires est bien loin du tableau. Le public, malgré la tendance chaude, est très loin d’être le même. Autant en nombre qu’au niveau des profils clients.
On insiste toujours sur l’importance de l’identité de marque. Un caractère affirmé, différent, sert à toucher cette clientèle qui se veut passionnée et cherche à ne pas sentir comme les autres. La soupe dessert cet angle d’approche.

Les cartons du Mainstream
S’il est vrai que les derniers blockbusters n’ont pas grand chose de clivant, ceux du passé ont été de vraies prises de risques. Angel est un exemple en la matière et est devenu un Game Changer monumental dans l’histoire du Parfum.
Un autre exemple que les gens oublient souvent est Terre d’Hermès. Une fragrance surprenante qui, encore même aujourd’hui, ne laisse personne indifférent. Terre est un carton planétaire jusqu’à devenir un poids pour la Maison. Comment se renouveler et fuir l’ombre du mastodonte ? Quand on en est à cette problématique, on est clairement dans les problèmes de riches.
Les parfums immenses comme Body Kouros, Le Mâle ou même Alien, ont laissé une empreinte sur le monde par leurs sillages si reconnaissables. À l’inverse, faire la différence entre Sauvage, Y ou même Bleu de Chanel est très compliqué lorsqu’on marche derrière celui qui le porte. C’est toute la différence entre un grand parfum et une simple Cologne, un sent-bon, un déo.
Prendre des risques
Prendre des risques ça ne signifie pas qu’il faille qu’on jette n’importe quoi sur le marché et qu’on y croit. Fantomas de Nasomatto est un peu ce qui illustre ça, à mon sens. On a besoin de se différencier mais on doit malgré tout choisir ce qu’on sort, ce qui va s’ajouter au catalogue. On parlait récemment du problème de toujours vouloir sortir des nouveautés sans mesurer réellement la valeur de ce qu’on lance. Qu’est-ce qu’on apporte au monde ? À plus petite échelle, qu’est-ce qu’on apporte à notre collection ?
La prise de risque, quitte à être incompris comme l’a été Aura de Mugler, c’est apporter un nouveau type de parfum, une nouvelle race de fragrance, un OVNI qui secoue nos âmes. C’est en cela qu’on séduira un public, qu’on fera parler de nous. En étant clivant, on repousse peut-être certaines personnes, mais les aurions-nous touchées avec de la soupe ? Rien n’est moins sûr.
Prendre des risques consiste à lancer un parfum qui sera lui-même comme l’ont été Jaipur, Eau Sauvage ou encore Déclaration en leurs temps. Des succès qui ont marqué des générations et continuent de vendre malgré qu’ils soient passés de mode.
La Niche
La parfumerie de Niche ne peut compter que sur le long terme. Elle n’a pas les moyens de catapulter une frappe atomique sur le marché et ramasser des dividendes en 2 ans. Une marque indépendante doit être patiente et laisser faire les choses. Avec l’avènement des réseaux sociaux, le bouche à oreille est à son paroxysme. Même si l’on parvient à manipuler les premiers avis pour pimper les premières ventes, le long terme ne mentira pas.
C’est sur ce point que la Niche ne s’est jamais trompée. La réputation joue un jeu primordial. Les commentaires, dans la vie de tous les jours, sur le parfum que vous portez, lui donne une importance incontournable sur son espérance de vie. Avoir donc un parfum qui suscite une réaction, qui interpelle le cœur, l’amènera à faire parler de lui dans chaque sphère de la société. Un petit lancement peut aisément se transformer en classique de l’Histoire du parfum, allez demander à Serge Lutens.
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