Coup d’œil sur la généalogie olfactive

Le fruit pourri de l’arbre

L’arbre généalogique de la parfumerie est comme l’exemple des petits artisans qui se trouvent pris au piège face aux multinationales. À ne vouloir que se regarder soi-même, on en oubli qu’on est tous dans le même bateau 

Les géants du parfum posent les codes à suivre : tendances, influence, luxe. Les petits s’y accrochent, résistent comme ils peuvent de tout leur égoïsme le plus rance, et le temps passe. Le game change, les vers sont dans les pommes.

Généalogie olfactive

L’industrie mythomane du parfum  

Combien de siècles qu’on nous bassine avec des descendances olfactives ? ‘parfum’ petit fils de ‘parfum, fils de ‘parfum’ blablablablabla. On a bien conscience d’une importance d’une lignée en toute chose. Mais si c’est juste là pour servir la vile cause mafieuse des grands groupes, à quoi ça sert ?

Les familles olfactives sont comme des genres musicaux. On peut parler de Techno, de Rock, de Rap. Aucun souci. Mais en musique, à l’intérieur d’un des genres, on ne pourra pas copier sans être poursuivi pour plagiat. En parfumerie : calme.

On se branle en disant qu’on a réalisé un « nouveau Vent Vert », qu’on a là un descendant de je ne sais quel parfum. Comme s’il y avait là révolution… Le parfumeur débarque en costume trois pièces, invoque la beauté de ses matières de merde, puis signe en bas de la feuille en inscrivant sa création dans une noble généalogie.

L’arbre qui cache la forêt

« Fougère » est bel et bien un genre. Mais venir pillé la formule de Pour un homme de Caron, en changeant le volume des pistes, comme pour Lavander Extrême de Tom Ford, là ça n’est plus la même démarche. En musique c’est un remix, et on devra s’acquitter de droits.

En parfumerie, tranquille, c’est monnaie courante. Les grands groupes s’éclatent au calme en suçant toutes les créations, modifiant les compositions, les rendant au goût du jour. On les connait, rien de bien étonnant.

Le vrai problème se trouve ailleurs. L’arbre étant malade, les fruits pourris pullulent sur les branches. Les marques sérieuses, frappées par la loi du silence la plus abjecte, ferment leurs gueules.

Bandits de grands chemins et petits truands

Pendant que les grandes marques se marrent entre elles. Il se développe un mouvement de petits merdeux. Affranchis de toute bonne conscience, des petites enseignes de Niche naissent progressivement, s’installent sur les linéaires des parfumeries les plus emblématiques. 

Les parfumeurs, dont certains sont des complices de la première heure, s’activent à produire des flankers de classics, des copies de jus à succès. Des marques comme Parfums de Marly, Initio, en profitent pour se faire valoir. Une niche qui distribue des parfums modernes, dans l’ère du temps. Mais il n’y a là que des copies. 

Que quelqu’un nous explique comment des marques aussi corrompues puissent se retrouver sur les mêmes étales que des Nasomatto ou des Parfum d’Empire ? L’hypocrisie n’a de cesse lorsqu’elle est planifiée et maitrisée.

Trafics d’influences

Lorsque les grandes marques dictent les règles, les petits suivent comme des moutons. Les influenceurs, suppos de Satan, font les éloges des plus grosses merdes du game. 

C’est au bout donc de la branche qu’est né le fruit le plus moisi, tirant sa force de ses aïeux : Byron parfum vous salue. Porté par une vendeuse de Jovoy et influenceuse sur YouTube/Instagram, la marque de génériques s’est installée dans la parfumerie du 4 rue Castiglione. On a donc tranquillement, patiemment, mélangé les torchons et les serviettes.

Si l’on en est arrivé là, c’est pour plusieurs raisons. La Niche est un business facile. Aller dans un laboratoire pour demander la création d’un parfum est un jeu d’enfant. Les boutiques sont malheureusement faciles à convaincre, vu que le parfum c’est leur dernier souci. Les clients ignorent tout du parfum. Recette facile, sans œufs, sans les mains.

On nous a habitué à ne rien sentir, comme ça à chaque nouveauté hypée on ne sentira rien ! Byron n’est qu’un fruit, mais c’est tout l’arbre qui est malade. Ceux qui sont en bonne santé n’ont qu’à continuer à faire semblant de ne pas voir. L’arbre tombera avec eux de toute façon.

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