Globalisation du parfum
Être soi-même est une insurrection #4
La globalisation de l’odeur
À l’heure où tous les parfums sentent grossomodo la même chose et que les marques les plus vendeuses appartiennent aux mêmes groupes, on se doit de faire une brève analyse.
Tunnel de conversion pour les nazes
Le chemin tracé au burin dans les magasins pour ne pas qu’on rate la caisse, les petits étalages de compléments de paniers pour arrondir le total de la facture, les vendeuses et vendeurs choisis pour leur plastique, tout est bon pour sécuriser notre paiement. Ainsi, dans l’euphorie de notre achat, ce sentiment mystique de satisfaction qui s’apparente au syndrome de Stockholm, ce coup de folie qui caractérise notre dépense compulsive, se cache une maitrise.
Les grands groupes ont bien évidemment investis de grosses sommes pour être sûrs que l’on paye. Du matraquage publicitaire au cheminement jusqu’au ticket de caisse (l’acte de décès de votre compte délivré par votre banque), l’art de la guerre est pratiqué sans scrupule. Vous n’êtes qu’un chiffre.
À qui profite le crime ?
La médiocrité créative est une autre technique, un art martial appliqué au combat pour cette conquête. Ainsi, le profit fait sur le dos de notre ignorance est flagrant. Ne rien connaître du parfum permet de nous vendre n’importe quoi…
Mais notre ignorance permet surtout plus d’impact à l’image. Les publicités frappent dans le 1000 en focalisant notre attention sur la communication uniquement, puisque de toute manière… ça sent bon. La tendance sert précisément à cela. Mais ça va au-delà si l’on prend conscience de tout ce que ça implique comme économie par les marques.
Orienter les moutons
Unifier la tendance permet de s’assurer de plus grosses ventes à la masse. Puisque cette masse est désormais habituée à acheter du sucre olfactif, on a plus qu’à changer les noms sur les flacons et donner quelques notes différentes en tête de fragrance.
On économise ainsi sur :
- Le risque à l’investissement (orienter les acheteurs sur une seule tendance permet de prendre moins de risques, de miser plus sur un produit);
- Le coût de la composition (moins de recherches, de simples flankers sont demandés);
- Le coût des jus (plus le jus est un blockbuster, plus la quantité de matière augmente pour les huiles, moins le coût des matières est cher);
- Le coût des flacons (plus de ventes permet de plus grosses commandes d’un même flacon);
- Les coût publicitaires (une seule campagne de pub pour de grosses ventes d’un même parfum);
- Etc.
La merde de luxe…
Vendre des parfums médiocres à la masse revient à un moindre coût de production et donc bien plus de bénéfices. Car en faisant croire à la masse ignorante que ce qu’elle achète est un produit de luxe, ça permet d’augmenter aussi la marge.
Combien voient en One Million un produit de luxe ? Combien sont persuadés que le prix de Fève Délicieuse est justifié ? C’est cher donc c’est supérieur, ça sent bon, tout le monde le dit !
Ce lien, fragile mais clair, entre créativité et indépendance
Comme on l’a martelé depuis 1 an et demi, comme on l’a répété dans nos derniers podcasts, celui sur les 20 ans de Frédéric Malle et le Hos-Piste sur The Alchemist Atelier, il n’y a pas de créativité sans indépendance. Là où les directions artistiques des grandes marques font des calculs pour surfer sur la tendance, les marques indés donnent d’eux-mêmes pour produire de vrais parfums.
C’est à ça que servent nos Avis Marques. Pour faire prendre conscience aux passionnés que l’habit ne fait pas le moine. Entre des enseignes de niche qui veulent nous faire croire qu’elles sont bios, des marques de luxe qui produisent tous leurs produits en Chine, des mainstreams qui vendent en fonction d’études de marchés à des années lumières de quelque forme d’olfaction que ce soit, on est pris au piège.
Il faut concrètement qu’on se cultive, qu’on partage les informations utiles et qu’on nourrisse l’indépendance. Sans les consommateurs la créativité sombrera sous le poids de l’ignorance pour laisser la part belle aux ogres.
Mettons à mal les mythos et les voleurs. Soutenons les marques émérites !
Soyons l’étincelle #MettonsLeFeuAuParfum ????
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- Industrie du Parfum Créativité – La Saison 2 de La Parfumerie Podcast - […] des marques, on renforce la croyance que l’on a affaire à des produits de qualité. L’acculturation olfactive profite aux…
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En fait, on en peut plus de faire des articles comme ça… les fêtes de fin d’année arrivent et tout le monde va se précipiter chez Sephora. Si seulement chacun pouvait avertir autour de lui ça serait déjà un progrès !
Bonjour
Ca fait des années que ça dégringole!!! J’en ai tellement marre de ce marketing olfactif, pensé par des gens qui cultivent l’entre -soi, le mépris de classe (souvent), et pensent détenir le monopole du bon goût…Ces mêmes gens qui n’iront certainement pas porter les « odeurs » qu’ils élaborent sauf pour un coup de pub! C’est grâce a vous que j’ai lu l’article dans la revue Nez qui est une interview de la directrice artistique (qui n’en a que le nom) Et je sature. Il nous faut réagir. J’ ai commencé par une Video Youtube et ce n’est qu’un tout petit début. Gueulons! Luttons, achetons petits producteurs ou même petits flacons, mais agissons. Longue vie à l’art du parfum de niche!!!
Effectivement il y a un moment où l’on sature… n’hésite pas à partager la vidéo avec nous, via les réseaux sociaux ou même ici.