Qu’il préserve l’esprit d’iris du Dior Homme de 2006 ? Sur ce front là, on est déçu.
Qu’il exprime olfactivement l’homme Dior d’aujourd’hui ? Effectivement c’est une solution et il me semble que ça soit la route prise ici par François Demachy.
Esquisser l’homme moderne en un parfum est un exercice sur lequel beaucoup de marques se sont cassées les dents sans avoir à porter la pression au succès qu’implique la taille du géant. Car Dior est un géant, un paquebot qui navigue lentement, son capitaine les yeux rivés sur ses instruments.
Pour ma part, j’ai été très impressionné par la réponse de François Demachy. Hors des questions qu’impliquent son nom, Dior Homme 2020 est un travail extrêmement précis qui m’a laissé impatient de suivre les futurs développements de la maison.
Structure Dior
Le squelette d’un Chypre comme structure est très efficace. Historiquement, l’accord Bergamote, Jasmin, et Patchouli est une des signatures les plus reconnaissables de la parfumerie. Ici, elle tient lieu de charpente et apporte de la puissance par le Patchouli et de l’éclat au travers de l’Hedione et des notes muguet. Cette idée était aussi celle d’Edmond Roudnitska dans son Eau Sauvage qui a révolutionné la Cologne par ce travail du Jasmin transparent tout en Hedione et Helional. Dior Homme 2020 profite du même effet mais pousse son centre de gravité plus en fond pour mettre ses bois en avant.
La texture de l’homme
La texture boisée dans ce parfum est extrêmement qualitative et riche, Patchouli et Vétiver, légèrement beaumée et accompagnée d’un Iris en surdose d’Ambroxan. Elle apporte beaucoup de sensualité et de prestige au parfum ; toute la force du bois est déployée. Demachy ne lésine pas sur les moyens pour faire de cette texture boisée la star de ce parfum autant dans la qualité des matières premières que dans l’écriture. Les muscs se posent en support du bois, la mousse également et une touche épicée, aux effets d’encens et de baie rose, accompagne la note Fougère en cœur et porte l’esprit du bois dès la tête.
2020
La modernité du parfum, sa couleur et sa facilité également, s’enracine en tête, par un crochet attractif. Une base solide inspirée par l’accord qui a modernisé la Fougère au temps de Drakkar Noir et qui se joue entre le DHM (Dihydromyrcenol), l’AAG (Allyle Amyle Glycolate) et une note verte, historiquement le Triplal. Ici, François Demachy prend un pas de plus vers une rhubarbe, verte, fraîche et métallique. La force de la rhubarbe en tête est double : elle complexifie l’accord masculin type et le modernise mais surtout elle répond au Vétiver en fond pour mettre une fois encore les bois en lumière par résonance. Plus Fruité, plus moderne, plus efficace.
La technique
Hors considérations esthétiques, l’équilibre, la puissance, et le calibrage ce parfum est l’œuvre d’un maître. J’irais même jusqu’à dire qu’il est mieux maîtrisés que chez son ancêtre le plus direct dans la maison et chez son voisin olfactif le plus proche. Plus de sillage que pour le premier (à qui l’on pardonne tout tant son Iris est beau) et plus d’équilibre pour le second. Pour son voisin olfactif le plus proche, il vous faudra chercher une structure Chyprée qui prend avantage d’un accord fougère et de la force de l’Ambroxan ; moi je ne balance pas. D’autant plus qu’on est loin de voir une copie dans le Dior Homme 2020 tant il est mieux maîtrisé.
Un beau travail de parfumerie, des idées riches et bien exécutées, un travail d’équilibriste entre une texture riche et l’attractivité mainstream nécessaire à ce lancement. Tout ce que j’attendais d’un parfum du circuit sélectif finalement et plus que je n’en attendais de Dior depuis Sauvage personnellement. Dommage pour le nom… mais personnellement je m’y ferai. Monsieur Demachy : Bravo.
La note Rouge
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