The revolution will not be televised

Pourtant on l’sait.

Rien ne change

Même si l’on n’oserait jamais comparer le contexte de la parfumerie à celui dans lequel cet hymne à la révolte a été écrit, son sujet s’applique partout et souligne l’importance de comprendre les tenants et aboutissants. Une révolution médiatisée ne confirme que le fait qu’elle est soutenue par ceux qui tiennent les rennes.

En olfaction, dans l’industrie du parfum, ceux qui clament être en « rupture » se fournissent chez ceux qui alimentent chaque grosse merde du game. Ils participent à la même industrie, pire, ils copient ces mêmes grosses merdes très souvent. Sachez que si on vous laisse hurler c’est que vous ne gênez pas, probablement même qu’on s’inspire de vous pour affiner la médiocrité. Après que la parfumerie de niche ait copié le mainstream à tout va, le mainstream copie désormais ses codes.

Indé… crottable !

Les indépendants qui chantent à longueur de storytelling qu’ils proposent une nouvelle vision du parfum devraient commencer par nous proposer autre chose que des chyprés et des fougères dans ce cas ! Les remix de Bob Marley n’ont jamais créé un nouveau genre musical, ce sont ceux qui se sont épuisés en studio et qui ont saignés les sound system qui ont fait naître le Dub, puis le Trip Hop, puis le Drum and Bass, puis le Grime, etc. Ton gourmand un peu boisé, on s’en bat les c*uilles !

Ces parfums qu’on dépose sur les étals des splendides parfumeries de niche — vendus bien chers, disons-le — sont produit dans le même moule que les références balourdées sur le site de Marionnaux pendant la blague friday. La révolution olfactive ne viendra pas de la niche, même si certains ont essayé.

Frédéric Pâle

Certains essaient de rebattre les cartes mais elles sont toujours produites chez le même imprimeur. Tout est dit. Le cinéma de Frédo autour de ses Éditions de Parfums n’est qu’une direction artistique, certes très habile, mais le système reste identique.

Lorsque Professor Griff reprenait le slogan de Gil dans l’introduction de « It takes a nation of million to hold us back » de Public Enemy, il se savait dans un mouvement très engagé politiquement, un vent révolutionnaire musical noir. Les courants contestataires noirs ont presque toujours été accompagnés par une frange artistique. Gil Scott-Heron mettait en lumière le discours des penseurs afro-américains, comme Bob Marley avec Marcus Garvey, et les rappeurs du temps de Public Enemy avaient les mêmes références.

Le désir de faire du parfum différemment sera vite poncé par les mathématiques, par le rachat d’un grand groupe, ou étouffé par une maline tendance qui rendra le truc has been. Allez demander à Public Enemy pourquoi ils ont été mis sur la touche après des années de gloire et des millions d’albums vendus, demandez-leur aussi les effets de l’uppercut Gangsta rap en 1993… Lorsqu’on utilise un système mainstream on ne peut pas changer son fonctionnement, ils l’avaient pourtant dit eux-mêmes : « The revolution will not be televised » !

Être intelligent

Lorsque Malcolm X a été incarcéré puis convaincu en prison par les prédicateurs de Nation of Islam, il a désigné son ennemi et décidé de maitriser sa langue pour ne lui laisser aucune chance lors d’éventuels débats. Il a appris le dictionnaire de langue anglaise par cœur ! Les passionnés de parfum ne doivent pas se contenter de suivre les paragraphes ou les clichés insta des marques, ils doivent s’armer de savoir, comme le scandaient d’ailleurs les bandits du Ministère AMER. Il faut non seulement se cultiver, mais pour ceux qui souhaitent se lancer un jour en parfumerie, il faut se former, apprendre, pour désapprendre.

Ceux qui veulent que les choses changent doivent comprendre que le marché appartient à ceux tiennent toutes ses strates entre leurs mains. Le combat est rude, l’adversaire est armé et structuré, le public est formaté à croire que vous êtes des paumés. Notre petit nombre doit rester groupé et déterminé, les pirates n’avaient pas de renforts mais peut-être bien qu’en s’unissant ils auraient changé l’Histoire. Le Mali a compris qu’il fallait s’unir avec le Burkina Faso et le Niger pour avoir la force face à l’adversaire, ou bien mourir de ses rêves comme Sankara, Lumumba ou Cabral.

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