La Créativité en parfumerie (manifeste)

À travers nos divers podcasts et avis, nombre d’entre vous ont pu remarquer notre attachement à la créativité en parfumerie. Et c’est l’axe central de notre démarche. À notre époque les chiffres ont pris le pouvoir sur l’œuvre intellectuelle, sur l’art et sur les sens humains. Ces mêmes sens qui propulsent une créativité qui demeure un gage de sincérité.

Créer, olfactivement parlant, c’est ainsi donner de soi-même dans une composition mais aussi faire preuve de poésie et de sentiment. Le parfum est une expression de l’âme comme peut l’être la musique ou la peinture. C’est d’ailleurs le combat sempiternel des compositeurs de parfums que de voir leur travail enfin reconnu comme œuvre intellectuelle.

Un auteur d’une fragrance est tel l’auteur d’un roman

Toutes les créations de l’esprit se ressemblent et rassemblent par leur intention préalable de créer quelque chose d’unique. C’est en ce point que La Parfumerie Podcast est intransigeante. Si le compositeur d’un parfum n’a voulu que produire une copie de la tendance, en obéissant simplement à la direction artistique du demandeur, ça n’est pas de la création. C’est pourquoi beaucoup de marques Mainstream chutent en matière d’originalité.

L’évolution d’une formule, note par note, est comme le déroulement d’un scénario. Il y a donc de belles histoires mais aussi des navets. Un roman S.A.S. ne sera jamais nominé pour le prix Pulitzer. En parfumerie de niche, ou parfois dans le luxe, l’âme est libre d’opérer comme bon lui semble. Jusqu’au point non négligeable du fameux « cahier des charges ».

La création sous pression des coûts

L’habilité à s’adapter aux diverses situations est une qualité humaine évidente. On voit surgir cette qualité au pied du mur mais surtout lorsque notre imagination est encadrée par les limites de certaines réalités. Le Nez, lorsqu’il crée, se voit sujet à certaines contraintes fixées par la marque : le Cahier des charges. Ainsi, il doit inclure toute sa composition dans un coût général.

Les matières ayant des prix extrêmement variés, il devra jongler et faire avec les limites imposées. C’est là que l’esprit créatif se montrera à la hauteur (ou pas) dans son œuvre.

Créativité et exécution en parfumerie

On a vu des géants du parfum être techniquement des maîtres en exécution mais être parfois très médiocres dans le discours de la formulation. La vie est belle, pour citer l’un des plus connus, est un parfum habilement exécuté. Sa composition est l’œuvre d’un de ces géants. Malheureusement, artistiquement, créativement, c’est l’un des pires parfums de ces deux dernières décennies. Un sucre merdique qui démontre la différence entre le savoir-faire et l’esprit créatif en parfumerie.

Innover c’est faire évoluer la tendance mais c’est aussi et surtout proposer autre chose. L’appât du gain, du bénef, impose de dépenser le moins pour gagner le plus, c’est pourquoi les grandes marques sont de moins en moins créatives. Car au-delà de faire reluire de beaux flacons dans les spots publicitaires, les marques doivent rendre ce qui revient de droit aux acheteurs.

En parfumerie, la senteur ne ment pas

L’artiste ne peut mentir dans son œuvre sans être dévoilé par celle-ci. L’histoire que raconte le parfum est écrite en laboratoire par un Nez. Si ce Nez se fout de la gueule du monde en composant la formule, les amateurs de parfums, les perfumistas, ne seront pas dupes. Car lorsqu’on maitrise un sujet, et encore plus dans le domaine de l’art, on ne peut pas nous mener en bateau. Malheureusement, l’amateur qui n’a pas l’expérience en la matière se fera rouler dans la farine.

La créativité en parfumerie est un gage de respect mais permettra aussi à la marque de perdurer par cela. C’est de cette manière que le patrimoine de certaines grandes marques joue en leur faveur. Le story telling d’un Dior ou d’un Yves Saint-Laurent ne résonne dans les cœurs que grace aux références majeures qui ont marqué l’histoire de la parfumerie.

Promouvoir une parfumerie centrée sur la créativité

Un podcast et des critiques ne sont qu’un haut parleur. De nombreux amateurs et professionnels du parfum se battent aujourd’hui pour faire renaître l’esprit de la parfumerie. Cet esprit qui hantait Edmond Roudnitska ou Germaine Cellier, une révolution liquide. Car les plus grands de notre époque ont admiré et imité plus grands qu’eux. Que feront ceux qui viendront demain ? Le combat continue et ne cessera d’être tant que les équipes commerciales des maisons de parfum ne laisseront pas s’exprimer leurs Nez. 

Plus de dix ans à combattre le moche et le répétitif. Mais aussi à trouver ses adversaires les plus coriaces au sein même de l’industrie des cosmétiques. Malgré tout, notre point de vue raisonne chez les amateurs de parfums comme une logique implacable. Nul ne peut concevoir l’amour pour une œuvre qui ne soit pas qualitative. Le luxe d’une fragrance et la poésie qui l’entoure implique au contraire qu’elle doit être belle. Au lieu de ça, on se voit vendre des jus discounts dans des flacons aguichants.

La Parfumerie, par le biais de son podcast, de ses articles ou des réseaux sociaux, parle donc d’une seule voix. Rendons au parfum son âme créative. Cette essence qui a vu naître des senteurs qui ont bercé notre jeunesse et celle de nos parents. L’essence de l’Art Olfactif, sève de notre mémoire.

Le combat ne cesse que faute de combattants.